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Sexismus et Pederastismus
L'antisexisme au Vaag pendant la mobilisation anti-G8 à Evian et Anemasse


Un message internet nous transmet cet texte suite à la mobilisation anti-G8

Sexismus et Pederastismus

Je suis arrivé au VAAAG suite à un coup de fil de copains des collectifs d'Aix et Marseille. J'avais un camion et il y avait beaucoup de matériel à monter pour la cuisine Grand Sud. Arrivée le mercredi 28 mai et départ le mercredi 4 juin. Je tiens à préciser que cette expérience a été pour moi très enrichissante, quoiqu'aussi épuisante que stimulante.

J'aborde maintenant un sujet peu réjouissant...le sexisme.

J'ai été assez dérangé par les comportements sexistes et homophobes de certains gars que j'ai pu voir au village. Et qu'on ne me parle pas de gens qui seraient venus "juste comme ça" et qui n'auraient pas été sensibilisés à la question du patriarcat. On a parlé de telles personnes aussi bien au bilan après-VAAAG de Lyon, auquel j'ai participé, qu'en réunion locale Aix-Marseille. Ca permet de se déresponsabiliser en se disant que les méchants, sexistes et homophobes, c'est les autres. Moi je parle de copains de collectifs VAAAG, d'individus supposés réfléchir à ces questions, de militants libertaires. Evidemment je ne pensais pas que tout serait parfait. Vue la société dans laquelle on vit, il est certain que ça laisse des traces dans nos comportements quotidiens. Le village était une expérience éphémère de vie selon des valeurs libertaires. Par"libertaires" j'entends critiques à l' égard des rapports de domination... et constructives, qui proposent des alternatives. Il y a eu des cafouillages. On peut faire mieux la prochaine fois... à condition d' y réfléchir !

Les mots, les mots, les mots...

Je ne suis pas toujours lassé de réagir lorsque j'entends des copains s' envoyer très virilement des "(gros) pédé" (plus c'est gros, mieux c'est) ou "enculé" à la figure. J'ai passé de longues heures de discussion là-dessus les premiers jours de mon séjour au village. Outre le fait de passer (au mieux) pour un puritain aux yeux de ces camarades per- plexement rigolards, je me suis vu demander plusieurs fois si j'étais "homo"(avec une expression presque touchante d'enfant qui aurait fait une bourde). Pourquoi est-ce que l'homophobie ne devrait déranger que les homos ? Le racisme ne concerne-t-il que les étrangers ? J'aspire à pouvoir être reconnu et respecté tel que je suis, et à une société qui reconnaisse ce droit à chaque personne. C'est une des raisons qui ont fait ma présence au VAAAG et dans le milieu libertaire. Quant à parler de cul, même grassement, j'aime le faire, mais pas avec des neuneus incapa bles de se remettre en question.

Au risque de paraître pessimiste je pense que cette question de vocabulaire n'est que la partie visible de l'iceberg du sexisme et de l'homophobie dans le milieu libertaire. Comme le disait une copine de Paris à la réunion-bilan de Lyon, il ne suffit pas de se dire anti-sexiste pour l'être. On voyait bien le soir que, quand l'alcool commençait à couler, les jolis principes libertaires passaient à la trappe. Sans rire, il fallait voir par endroits des bandes de mâles en rut se chercher des femelles ! J'ai beaucoup rôdé la nuit, je suis curieux et j'aime bien voir l'envers du décor... J'ai vu des scènes honteuses. J'avais honte d'être un mec dans un lieu supposé révolutionnaire où les mecs étaient des bêtes. J'avoue qu'avec quelques copains et copines on aurait bien rêvé de monter un village concurrent juste à côté et réellement anti-sexiste. Bon, passons. Pour celles et ceux qui ne comprenaient pas le bien-fondé des démarches de certaines filles d'organiser des espaces non-mixtes (comme le "Point-G") pour réfléchir et parler librement de rapports hommes-femmes (et femmes-femmes,...) et éviter ce genre de débordements... j'espère que ça fera réfléchir.

Est-ce que l'anti-sexisme peut se réduire :

* à une simple profession de foi ?

* à coller des autocollants ?

* à défiler dans la rue avec les femmes le 8 mars ?

* à critiquer les inégalités de salaires hommes/femmes ?

* à pleurer avec les femmes battues ou violées ?

* à parler de ses bons copains homos ?

Ca serait de la rigolade. C'est une chose admise par les sciences sociales qu'on intègre son rôle social (classe, genre, etc) et les schémas de l'autorité dès l'enfance, par l'école, la famille , la télé, les bandes de potes... Qui peut prétendre sérieusement s'affranchir de tout ça (être un libertaire parfait) rien qu'en claquant des doigts ?

En tant que gars anti-sexiste, il y a des efforts à faire, des questions à se poser, un travail à faire sur soi...

- Comment est-ce qu'on laisse parler les filles autour de nous (dans nos groupes politiques, au travail, à la fac, dans la rue...) ?

- Qui effectue les tâches ménagères au quotidien (en couple, en colocation,en squat...) ?

- Comment on regarde une fille qui nous tappe dans l'oeil et comment on en parle ?

- Quelles compétences on attend de quelqu'un en fonction de son sexe ?

- Sur quoi reposent nos relations affectives ?

Les bases :
- Entre mecs: pas trop de sensibilité , pas de tendresse... ça fait "pédé", c'est pas "normal"... Inhibition et conformisme.

- Avec les filles :la sensibilité, on peut dans l'amitié. Mais pas quand la fille te plaît, parce qu'en situation de séduction, montrer sa sensibilité, c'est encore faire "fragile", "pas viril"..."mauvais coup".

- Comment on drague et comment on réagit quand on se fait
draguer par un gars ?

- Comment on fait l'amour (Qui fait quoi ? Selon quelles conventions ?) ?

Et tellement d'autres...

Selon moi, se dire libertaire (ou anarchiste), c'est s'inscrire dans une perspective de changement radical aussi bien collective qu'individuelle.

Depuis le M.L.F. de nombreuses militantes ont compris qu'en non-mixité femmes (utilisée comme un moyen de s'exprimer plus librement qu'avec les hommes/certains hommes...et non comme une fin en soi guidée par une supposée haine des mecs, comme certain-e-s le croient encore) elles créaient une école de vie permettant de se libérer, soi et le groupe, de conditionnements subis depuis l'enfance. Si le fait d'être un homme ou une femme nous renvoit à des statuts bien différents dans la société, être un homme, c'est aussi obéir à des règles qu' on a appris dès l'enfance et qu'on nous rappelle tous les jours qu'il faut respecter, sous peine d'exclusion...

Je suis pour que se forment des cercles de réflexion (et d'action ?) de gars , que ce soit au sein d'organisations déjà existantes, de collectifs anti-sexistes ou ailleurs, pour discuter de ces questions.

C'est tellement rare. D'après feu le "réseau européen d'hommes pro-féministes", il y a eu 3 vagues de groupes d'hommes qui ont réfléchi à comment changer en tant qu'hommes depuis les années 70. Les travaux de ces groupes sont peu connus. Etre un homme autrement que selon le formatage qui fait de nous un "vrai mec", c'est un long travail de déconstruction de schémas qu'on a intégrés. Il y a tellement de choses à faire là-dessus pour mettre en place d'autres codes, d' autres modèles, pour redéfinir nos rapports avec les filles et entre nous ! Ca peut être extrêmement créateur : on a tellement de choses à apprendre les uns des autres et de nous-mêmes ! Même si la pratique de l'anti-sexisme et la non-mixité sont moins consensuelles que les préoccupations sur la lutte de classes, l' anti-fascisme, l' éducation, l' écologie, les drogues ou l' enfermement...c'est aussi important.

Lorsqu'on a parlé de la fragilité de l'anti-sexisme au VAAAG (aussi bien au bilan de Lyonqu'en réunion locale des collectifs d'Aix et Marseille), la réaction a été la même : de nombreux copains ont protesté en se disant très intéressés par l' anti-sexisme. La question qui se posait alors était : pourquoi y avait-il si peu de monde à l'unique débat qui a eu lieu au VAAAG portant sur ces questions-là ("masculinité et autonomie des luttes")? Une hypothèse de réponse serait que même si nombreux sont les copains qui se disent intéressés par la remise en question des rapports de sexe dans notre société (et ils sont sans doute de bonne foi pour la plupart) , beaucoup le sont mollement et ils ont toujours quelque chose de plus important à faire...
Sans oublier que ce genre de problématique contraint à se remettre un minimun en question, soi, dans son intimité. Ca n'est pas forcément facile...
Mais est-ce qu'on veut encore de ce système autoritaire ou pas ?
Le débat qui a eu lieu au village a été l'occasion pour des filles du Point-G de venir présenter leur démarche. (Quand je pense à celles et ceux qui les traitaient de sectaires (au mieux) parce qu' à aucun moment elles n' auraient présenté leur initiative, je rigole doucement, et jaune).

Devant l' enthousiasme suscité par les questions abordées, un autre rendez-vous a été pris pour le lendemain. La 2e rencontre n'a pas pu avoir lieu à cause de l' urgence à réagir face à la répression policière et l'A.G. monumentale et chaotique qui a suivi. Mais la 1ère réunion a quand même permis d'ébaucher quelque chose, de prendre des con- tacts (sur Lyon, Chalon, Aix, Marseille... ).

Qui sait ? Des projets verront peut-être le jour...

Pour ma part, je suis revenu du VAAAG changé et plein d' énergie.

Sur Aix-Marseille on a discuté de sexisme et de non-mixité, et de comment agir en tant que gars. Pour l' instant nous sommes une poignée à avoir envisagé de participer au week-end non-mixte hommes prévu du 12 au 14 septembre 2003 (sauf si changement) et coordonné par les Tanneries de Dijon.

Pour ceux qui sont intéressés, les inscriptions se font
-par mail, à intrigeri@squat.net

-par téléphone, au 03 80 66 64 81

-par courrier, à "boysdontcry, les Tanneries, 17-bd de Chicago, 21000 Dijon"

Pour celles et ceux qui le souhaitent de me contacter, mon mail : "makolefou@no-log.org"

Je vous enverrai un beau rayon de soleil et un chant de cigale.

Salutations, pirouette et nuage de fumée.

MAKO, vaaagabond des Rêves éveillés.
-le 17 juillet 2003-