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Jeux Olympiques Quelques anti contre "l'unanimisme ambiant"
LE MONDE 08.03.05
Origine : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-400822,0.html
Sylvain Garrel a édité des autocollants sur lesquels
il a tamponné un grand "Non aux JO", en lettres
majuscules vertes, au-dessus du très officiel logo "Paris
2012" et du slogan "L'amour des Jeux", apposés
par la Mairie de Paris jusque sur les cartes de vœux de ses
élus. Valérie a ajouté un "N" de
part et d'autre des cinq anneaux olympiques pour former un "NON
!" qu'elle propose aux internautes d'imprimer à partir
de son site (paris-2012.fr.st) pour aller les coller dans le métro.
Michel Caillat a créé une "Lettre anti-olympique"
qu'il diffuse via la Toile.
Le premier est conseiller de Paris et président du groupe
Verts du 18e arrondissement, la seconde est "une Parisienne
de 32 ans" qui "travaille dans une grande entreprise",
le troisième est un sociologue orléanais qui anime
le Mouvement critique du sport. Leurs initiatives sont isolées,
mais elles tranchent avec l'unanimisme ambiant autour de la candidature
de Paris.
"UN "NON" CITOYEN"
"C'est un "non" de référendum, un
"non" citoyen pour dire qu'on ne fait pas partie de cette
majorité de Parisiens favorables à la candidature
de Paris", clame Valérie. "On ne nous a pas consultés,
il n'y a pas de débat !", se plaint la jeune femme,
qui précise n'appartenir à aucune structure militante.
"Le matraquage olympique, le discours de "toute la France
assemblée derrière les Jeux" n'est pas digne
d'un pays démocratique, estime M. Caillat dans la lettre
mensuelle qu'il a lancée en février. Il est temps
de faire exploser le consensus."
S'il ne mènera pas "campagne contre les Jeux"
parce qu'il a d'"autres combats prioritaires à mener",
M. Garel est l'un des rares élus parisiens à s'être
abstenu lors du vote sur le financement de la candidature de Paris
: "Il y a une contradiction de base entre les fondements de
l'écologie politique - être économes, aller
moins loin, moins vite, dépenser moins d'énergie -
et ce que sont les JO, dont la devise est plus vite, plus loin,
plus fort." Et de poursuivre : "Nous estimons que Paris
n'est pas, en Ile-de-France, la ville la moins dotée en équipements,
que l'Ile-de-France n'est pas la région la moins dotée
de France, que la France n'est pas le pays le moins doté
d'Europe et que l'Europe n'est pas le continent le moins doté
en infrastructures sportives ou de transports... Si le CIO disait
: "On va prendre l'argent des droits télé pour
organiser les JO dans une ville du tiers-monde et on va permettre
de construire des stades, des routes à Dakar ou à
Bénarès", là, ça aurait de la gueule
!"
"Nous ne sommes pas contre le sport, précise Valérie.
Nous sommes contre les Jeux tels qu'ils nous sont présentés
: matraquage publicitaire, compétition à tout crin
et marchandisation à outrance." "Non à l'organisation
des Jeux de 2012 à Paris et oui à un débat
ouvert et argumenté sur l'olympisme, son histoire et ses
prétendues valeurs", propose M. Caillat comme cri de
ralliement.
Stéphane Mandard
Article paru dans l'édition du 09.03.05
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