Origine : Nantes IndyMédia
mercredi 4 mai 2005
A Orvault comme Ailleurs… "La vie ne s'apprend pas en
prison"
Appel à la création de collectifs anti-EPM
Votée dans la foulée d'une campagne sécuritaire
sans précédent où les mineurs délinquants
ont été désignés comme la nouvelle classe
dangereuse, la loi Perben du 9 septembre 2002 crée un nouveau
type d'établissement pénitentiaire : les Etablissements
Pénitentiaires pour Mineurs.
Le ministère de la justice parle d'un concept nouveau alors
qu'il s'agit d'une régression profonde.
Depuis le 19ème siècle jusqu'en 1945, les prisons
pour enfants ont existé et les dernières structures
pénitentiaires pour mineurs ont fermé dans les années
70. Durant toutes ces années, s'appuyant sur les progrès
des sciences humaines et légitimés par une administration
(Education Surveillée devenue ensuite PJJ) qui s'était
séparée de la pénitentiaire, les professionnels
ont développé des réponses éducatives
adaptées à la singularité de chaque jeune pris
en charge, souvent dans une grande pénurie de moyens.
Mais dans le contexte sécuritaire actuel, les politiques
sont prêts à dégager d'énormes moyens
humains et matériels (90 millions d'euros) au service de
l'enfermement des jeunes en difficulté, oubliant que l'incarcération
doit rester exceptionnelle.
Alors que pendant des années, on a laissé se dégrader
les conditions de détention des mineurs, c'est au prétexte
de les améliorer que 7 EPM doivent voir le jour à
partir de fin 2006 : à Chauconin (Meaux), Marseille, Meyzieu
(Lyon), Orvault (Nantes), Porcheville (Mantes la Jolie), Quiévrechain
(Valenciennes) et Lavaur (Tarn). Ce seront ainsi 420 nouvelles places
de détention qui seront créées au moment où
le gouvernement prétend faire baisser l'incarcération
des mineurs. Ces contradictions révèlent le véritable
choix qui est opéré : prendre en charge les jeunes
en difficulté dans le cadre de l'enfermement, les EPM figurant
au bout d'une chaîne où la prison se trouve à
l'horizon de toutes les prises en charge (travail des éducateurs
à l'intérieur des prisons, centres fermés et
création de nouvelles peines etc…). Pour cautionner
cette politique, les EPM sont conçus par le ministère
de la justice comme des lieux où enfin on pourrait éduquer
et réinsérer ces jeunes.
C'est une imposture car, sauf à vouloir soumettre ou redresser,
l'éducation ne peut être contrainte. Les jeunes en
difficulté qui ont commis des délits sont, comme tous
les adolescents, aux prises avec les mêmes turbulences dans
cette période de construction ; comme les autres, ils ont
besoin, pour se responsabiliser, de se confronter au contexte de
la vie en société et pour mûrir de s'appuyer
sur le lien social. Les transgressions de ces jeunes sont le signe
de difficultés psychiques, familiales, et sociales aujourd'hui
fortement aggravées par un contexte, où l'absence
de perspectives et la quasi-impossibilité d'accéder
aux droits fondamentaux, leur laissent peu d'espoir de trouver une
place dans la société. Alors, faute de politiques
sociales ambitieuses à leur égard, c'est le choix
sécuritaire qui prévaut, et peu importe si partout
en Europe où existent des structures d'enfermement pour les
jeunes, le taux de récidive est important.
C'est un gâchis car les moyens alloués aux EPM sont
autant de moyens qui n'iront pas à la prévention,
aux foyers, aux services qui mettent en œuvre les réponses
éducatives adaptées à ces jeunes.
Mais le gouvernement, tout occupé à afficher une
mesure sécuritaire destinée à rassurer la population,
n'hésite pas à faire des choix budgétaires
énormes qui auront pour conséquence la banalisation
de l'incarcération des jeunes en difficulté et au
bout du compte leur exclusion sociale.
Pour refuser le sort fait à la jeunesse en difficulté
aujourd'hui, nous appelons les personnels de la PJJ, les syndicats,
associations, citoyens, organisations de jeunesse et partis, à
rejoindre les collectifs ou à participer à leur création
pour s'opposer aux EPM sur chaque site d'implantation.
Contacts collectif anti-EPM d'Orvault :
Contact e-mail : snpes.bpl
chez laposte.net
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