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origine : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article4192
La tournée de deux « anarchistes contre le
mur »
Guy Davidi et Alexandre Goetschmann, deux militants du collectif
Anarchistes contre le mur sont en tournée en France pour
parler de la situation au Proche-Orient. Ils présenteront
In Working Progress, le film qu’ils ont réalisé
sur la construction de la colonie de Modi’in Illit, la plus
grande de Cisjordanie, qui occupe la terre de cinq villages palestiniens,
El-Midya, Nialin, Deir Qadis, Kharbata et Bil’in.
Guy Davidi, Israélien, est metteur en scène, enseignant
de cinéma et opérateur sur divers documentaires (Les
Souvenantes sur les mémoires israéliennes concernant
la déportation du peuple palestinien en 1948, La Mère
de Hamza tourné dans un camp de réfugiés…).
D’origine suisse, spécialiste du Moyen Orient Ancien,
doctorant en Mythologie et Philologie à l’Université
de Tel-Aviv, Alexandre Goetschmann est documentariste et écrivain.
Tous deux sont membres du collectif des Anarchistes contre le mur
(Anarchists against the wall : AATW) qui a été créé
en avril 2003 dans le prolongement d’un campement de résistance
qui se tint aux abords du village de Masra (situé à
six kilomètres de la ligne verte). Le chantier du mur confisquant
et défigurant leurs terres, le comité populaire de
Masra invita les Israéliennes et Israéliens à
lutter contre le plan de ségrégation imposé
par le gouvernement israélien.
En décembre 2003, à Deir Ballut, village voisin de
Masra, un autre camp de résistance vit le jour. Le collectif
des AATW coordonna une nouvelle action sur Masra pour stopper la
construction du mur. Les militants sectionnèrent le grillage
du portail principal. L’armée israélienne répliqua
en tirant à balles réelles sur le groupe de manifestants
pacifistes. Gil Na’amati, sympathisant du collectif des AATW,
fut grièvement blessé.
Couverte par les médias israéliens, cette action
frappa la conscience israélienne jusqu’alors indifférente
à la construction du mur. Malgré les représailles,
la répression et les violences perpétrées par
l’armée israélienne, la lutte contre la construction
et l’existence du mur s’étend maintenant à
un nombre important de villages palestiniens directement et indirectement
touchés.
Le collectif Anarchistes contre le mur milite contre toutes les
formes de ségrégation, d’incarcération
sociales et politiques. Il encourage chaque village à s’engager
dans une lutte globale. Face à une situation proche de celle
connue en Afrique du Sud du temps de l’apartheid, l’action
du collectif est un pont salutaire entre deux peuples divisés
arbitrairement. En dénonçant le mensonge du plan sécuritaire,
le collectif AATW défend un point de vue alternatif qui s’oppose
à celui de l’opinion publique israélienne trop
souvent calqué sur la politique gouvernementale.
Dans un texte publié par Le Monde libertaire, Guy Davidi
et Alexandre Goetschmann reviennent sur les événements
qui se déroulent depuis 2004, année appelée
« l’Intifada du mur » puisque cette année-là
un soulèvement général s’étendit
d’un bout à l’autre de la Cisjordanie.
« La majeure partie des villages affectés par la trajectoire
du mur, Budrus, Deir Qadis, Azawia, Kharbata, Bidu, Beit Surik,
Beit Liqia etc., se révolta et se structura en comités
locaux de résistance. Chaque jour se tenaient deux à
trois manifestations. Pris de court, le collectif AATW ne pouvait
ni suivre ni participer à chacune de ces actions. Les manifestations
se déroulaient en semaine, réduisant ainsi la présence
du collectif AATW sur le terrain, alors que l’armée
israélienne ne sachant comment réagir face à
ce soulèvement généralisé, intervenait
avec violence et brutalité. Tanks, hélicoptères,
troupes d’élites pénétraient dans de
minuscules localités rurales comme celle de Budrus, village
de 1 200 habitants.
Ces interventions militaires tuèrent neuf palestiniens durant
les manifestations et, chaque jour, cinquante à cent palestiniens
furent blessés par balles en caoutchouc et hospitalisés.
Cette même année, l’armée cessa de construire
le mur sur toute sa longueur afin de se concentrer sur certains
tronçons stratégiques et d’en assurer la finition.
Le soulèvement populaire palestinien a pu ralentir la construction
du mur. C’est alors qu’un nouveau village prit la relève,
Bil’in.
En février 2005, le comité populaire local de Bil’in
commença sa lutte de résistance contre la construction
du mur. Bil’in marqua un point de transformation dans la planification
et l’organisation des manifestations contre le mur. Les rassemblements
étaient organisés en fin de semaine, favorisant ainsi
la présence du collectif AATW et d’autres mouvements
israéliens solidaires de la cause palestinienne. Plus axées
sur des actions symboliques que sur des confrontations directes,
ces manifestations utilisaient les médias.
Malgré la permanence des violences militaires, la présence
des médias, internationaux et israéliens, a permis
à la résistance contre le mur de se déployer
sur le long terme. Chaque vendredi, depuis deux ans et demi, Bil’in
tient tête à l’armée israélienne.
L’exemple de Bil’in engagea de nouveaux villages, situés
principalement aux abords de Jérusalem et au sud de Bethlehem
(Abud, Beit Sira, Umm Salamuna, El Wallaja etc.), à prendre
part à la lutte.
À l’instar de Budrus, le cas de Bil’in a révélé
le mensonge du plan de sécurité du gouvernement israélien.
Le mur ne sert pas à protéger la population civile
israélienne, mais sert de rempart à l’acquisition
illégale de nouveaux terrains en vue d’élargir
et d’agrandir les colonies dans les territoires occupés.
Le tribunal international de la Haye a condamné l’entreprise
du gouvernement israélien, mais ce dernier poursuit son plan
d’apartheid contre la population palestinienne. Plan qui consiste
à diviser la Cisjordanie en cinq enclaves principales, morcelant
ainsi la Cisjordanie pour agrandir les colonies existantes. En fait,
le gouvernement israélien tente d’effacer la réalité
palestinienne du panorama et d’inclure la Cisjordanie à
son patrimoine national. Le mur n’est qu’un des éléments
d’un processus d’apartheid complexe et subtil qui fait
intervenir côte à côte les systèmes judiciaire
et militaire.
La construction du mur touche à son terme. À l’intérieur
de la Cisjordanie, si l’on considère une même
parcelle de terrain, l’entité palestinienne est totalement
exclue de son propre territoire par l’imperméabilité
du réseau des colonies et du réseau routier. Joindre
le mouvement de soulèvement populaire palestinien devient
une entreprise de plus en plus difficile, alors que nous sommes
à l’orée d’une période de calme
annoncée par une série de nouvelles négociations,
cachant cependant une prochaine révolte.
Le défi des Anarchistes contre le mur est de maintenir et
d’élargir son réseau et sa présence sur
le terrain en collaboration avec les divers comités populaires
locaux. Les Anarchistes contre le mur continuent à visiter
des villages susceptibles de participer à la lutte. Ils maintiennent
leur présence dans les diverses manifestations et programment
de nouvelles actions directes. Le mur demande une surveillance et
un entretien permanents. À grande échelle et à
long terme, les coûts excessifs de réparation, d’entretien
et de surveillance pourraient invalider ce mur. »
Présentation de In Working Progress (Israël-Suisse,
30 mn, 2006. Version en hébreu sous-titrée en français).
À l’ouest de Ramallah, une nouvelle ville est en construction
: Modi’in Illit. Les grandes entreprises en bâtiment
para gouvernementales profitent de l’occasion, protégées
par l’infrastructure de sécurité israélienne
pour étendre de manière illégale le chantier
destiné à l’arrivée de nouveaux colons.
Les ouvriers palestiniens, employés dans des conditions misérables,
contribuent, paradoxalement, à la destruction de leur terre
et à la construction du mur qui protègera Modi’in
Illit.
Calendrier des projections : 26 novembre (à 19h30 à
l’AGECA. Paris), 27 novembre (à 20h30 au Chiendent.
Orléans), 28 novembre (à 20h à l’amphi
Tocqueville. Fac de Caen), 28 novembre (à 20h à la
Maison des associations. Chalon-sur-Saône), 29 novembre (à
20h à la Maison de quartier Villejean. Rennes), 29 novembre
(à 19h30 à la Maison des associations. Dijon), 30
novembre (à 20h à la Maison communale. Bordeaux),
30 novembre (à 20h30 à la librairie L’Autodidacte.
Besançon), 1er décembre (à 19h à la
Freie Schule Spatz. Offenburg – Allemagne), 2 décembre
(à 18h à la librairie Mille Sabord. Marseille), 4
décembre (lieu et heure à confirmer. Lyon), 5 décembre
(à 20h au local autogéré. Grenoble), 6 décembre
(20h à la Maison des associations. Chambéry). Infos
sur le calendrier auprès de guydvd@gmail.com
Guy Davidi sera sur Radio Libertaire le 8 décembre, de 10h
à 11h30.
Pour faire face à leurs nombreux frais (coûts de représentation
légale, transports…) le collectif Anarchistes contre
le mur a besoin de soutien. Vous pouvez envoyer des chèques
à l’ordre de Publico – Anarchistes contre le
mur à la librairie Publico, 145, rue Amelot, 75011 Paris.
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