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La tournée de deux « anarchistes contre le mur »
25/11/2007

origine : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article4192

La tournée de deux « anarchistes contre le mur »

Guy Davidi et Alexandre Goetschmann, deux militants du collectif Anarchistes contre le mur sont en tournée en France pour parler de la situation au Proche-Orient. Ils présenteront In Working Progress, le film qu’ils ont réalisé sur la construction de la colonie de Modi’in Illit, la plus grande de Cisjordanie, qui occupe la terre de cinq villages palestiniens, El-Midya, Nialin, Deir Qadis, Kharbata et Bil’in.

Guy Davidi, Israélien, est metteur en scène, enseignant de cinéma et opérateur sur divers documentaires (Les Souvenantes sur les mémoires israéliennes concernant la déportation du peuple palestinien en 1948, La Mère de Hamza tourné dans un camp de réfugiés…). D’origine suisse, spécialiste du Moyen Orient Ancien, doctorant en Mythologie et Philologie à l’Université de Tel-Aviv, Alexandre Goetschmann est documentariste et écrivain.

Tous deux sont membres du collectif des Anarchistes contre le mur (Anarchists against the wall : AATW) qui a été créé en avril 2003 dans le prolongement d’un campement de résistance qui se tint aux abords du village de Masra (situé à six kilomètres de la ligne verte). Le chantier du mur confisquant et défigurant leurs terres, le comité populaire de Masra invita les Israéliennes et Israéliens à lutter contre le plan de ségrégation imposé par le gouvernement israélien.

En décembre 2003, à Deir Ballut, village voisin de Masra, un autre camp de résistance vit le jour. Le collectif des AATW coordonna une nouvelle action sur Masra pour stopper la construction du mur. Les militants sectionnèrent le grillage du portail principal. L’armée israélienne répliqua en tirant à balles réelles sur le groupe de manifestants pacifistes. Gil Na’amati, sympathisant du collectif des AATW, fut grièvement blessé.

Couverte par les médias israéliens, cette action frappa la conscience israélienne jusqu’alors indifférente à la construction du mur. Malgré les représailles, la répression et les violences perpétrées par l’armée israélienne, la lutte contre la construction et l’existence du mur s’étend maintenant à un nombre important de villages palestiniens directement et indirectement touchés.

Le collectif Anarchistes contre le mur milite contre toutes les formes de ségrégation, d’incarcération sociales et politiques. Il encourage chaque village à s’engager dans une lutte globale. Face à une situation proche de celle connue en Afrique du Sud du temps de l’apartheid, l’action du collectif est un pont salutaire entre deux peuples divisés arbitrairement. En dénonçant le mensonge du plan sécuritaire, le collectif AATW défend un point de vue alternatif qui s’oppose à celui de l’opinion publique israélienne trop souvent calqué sur la politique gouvernementale.

Dans un texte publié par Le Monde libertaire, Guy Davidi et Alexandre Goetschmann reviennent sur les événements qui se déroulent depuis 2004, année appelée « l’Intifada du mur » puisque cette année-là un soulèvement général s’étendit d’un bout à l’autre de la Cisjordanie.

« La majeure partie des villages affectés par la trajectoire du mur, Budrus, Deir Qadis, Azawia, Kharbata, Bidu, Beit Surik, Beit Liqia etc., se révolta et se structura en comités locaux de résistance. Chaque jour se tenaient deux à trois manifestations. Pris de court, le collectif AATW ne pouvait ni suivre ni participer à chacune de ces actions. Les manifestations se déroulaient en semaine, réduisant ainsi la présence du collectif AATW sur le terrain, alors que l’armée israélienne ne sachant comment réagir face à ce soulèvement généralisé, intervenait avec violence et brutalité. Tanks, hélicoptères, troupes d’élites pénétraient dans de minuscules localités rurales comme celle de Budrus, village de 1 200 habitants.

Ces interventions militaires tuèrent neuf palestiniens durant les manifestations et, chaque jour, cinquante à cent palestiniens furent blessés par balles en caoutchouc et hospitalisés. Cette même année, l’armée cessa de construire le mur sur toute sa longueur afin de se concentrer sur certains tronçons stratégiques et d’en assurer la finition. Le soulèvement populaire palestinien a pu ralentir la construction du mur. C’est alors qu’un nouveau village prit la relève, Bil’in.

En février 2005, le comité populaire local de Bil’in commença sa lutte de résistance contre la construction du mur. Bil’in marqua un point de transformation dans la planification et l’organisation des manifestations contre le mur. Les rassemblements étaient organisés en fin de semaine, favorisant ainsi la présence du collectif AATW et d’autres mouvements israéliens solidaires de la cause palestinienne. Plus axées sur des actions symboliques que sur des confrontations directes, ces manifestations utilisaient les médias.

Malgré la permanence des violences militaires, la présence des médias, internationaux et israéliens, a permis à la résistance contre le mur de se déployer sur le long terme. Chaque vendredi, depuis deux ans et demi, Bil’in tient tête à l’armée israélienne. L’exemple de Bil’in engagea de nouveaux villages, situés principalement aux abords de Jérusalem et au sud de Bethlehem (Abud, Beit Sira, Umm Salamuna, El Wallaja etc.), à prendre part à la lutte.

À l’instar de Budrus, le cas de Bil’in a révélé le mensonge du plan de sécurité du gouvernement israélien. Le mur ne sert pas à protéger la population civile israélienne, mais sert de rempart à l’acquisition illégale de nouveaux terrains en vue d’élargir et d’agrandir les colonies dans les territoires occupés. Le tribunal international de la Haye a condamné l’entreprise du gouvernement israélien, mais ce dernier poursuit son plan d’apartheid contre la population palestinienne. Plan qui consiste à diviser la Cisjordanie en cinq enclaves principales, morcelant ainsi la Cisjordanie pour agrandir les colonies existantes. En fait, le gouvernement israélien tente d’effacer la réalité palestinienne du panorama et d’inclure la Cisjordanie à son patrimoine national. Le mur n’est qu’un des éléments d’un processus d’apartheid complexe et subtil qui fait intervenir côte à côte les systèmes judiciaire et militaire.

La construction du mur touche à son terme. À l’intérieur de la Cisjordanie, si l’on considère une même parcelle de terrain, l’entité palestinienne est totalement exclue de son propre territoire par l’imperméabilité du réseau des colonies et du réseau routier. Joindre le mouvement de soulèvement populaire palestinien devient une entreprise de plus en plus difficile, alors que nous sommes à l’orée d’une période de calme annoncée par une série de nouvelles négociations, cachant cependant une prochaine révolte.

Le défi des Anarchistes contre le mur est de maintenir et d’élargir son réseau et sa présence sur le terrain en collaboration avec les divers comités populaires locaux. Les Anarchistes contre le mur continuent à visiter des villages susceptibles de participer à la lutte. Ils maintiennent leur présence dans les diverses manifestations et programment de nouvelles actions directes. Le mur demande une surveillance et un entretien permanents. À grande échelle et à long terme, les coûts excessifs de réparation, d’entretien et de surveillance pourraient invalider ce mur. »

Présentation de In Working Progress (Israël-Suisse, 30 mn, 2006. Version en hébreu sous-titrée en français). À l’ouest de Ramallah, une nouvelle ville est en construction : Modi’in Illit. Les grandes entreprises en bâtiment para gouvernementales profitent de l’occasion, protégées par l’infrastructure de sécurité israélienne pour étendre de manière illégale le chantier destiné à l’arrivée de nouveaux colons. Les ouvriers palestiniens, employés dans des conditions misérables, contribuent, paradoxalement, à la destruction de leur terre et à la construction du mur qui protègera Modi’in Illit.

Calendrier des projections : 26 novembre (à 19h30 à l’AGECA. Paris), 27 novembre (à 20h30 au Chiendent. Orléans), 28 novembre (à 20h à l’amphi Tocqueville. Fac de Caen), 28 novembre (à 20h à la Maison des associations. Chalon-sur-Saône), 29 novembre (à 20h à la Maison de quartier Villejean. Rennes), 29 novembre (à 19h30 à la Maison des associations. Dijon), 30 novembre (à 20h à la Maison communale. Bordeaux), 30 novembre (à 20h30 à la librairie L’Autodidacte. Besançon), 1er décembre (à 19h à la Freie Schule Spatz. Offenburg – Allemagne), 2 décembre (à 18h à la librairie Mille Sabord. Marseille), 4 décembre (lieu et heure à confirmer. Lyon), 5 décembre (à 20h au local autogéré. Grenoble), 6 décembre (20h à la Maison des associations. Chambéry). Infos sur le calendrier auprès de guydvd@gmail.com

Guy Davidi sera sur Radio Libertaire le 8 décembre, de 10h à 11h30.

Pour faire face à leurs nombreux frais (coûts de représentation légale, transports…) le collectif Anarchistes contre le mur a besoin de soutien. Vous pouvez envoyer des chèques à l’ordre de Publico – Anarchistes contre le mur à la librairie Publico, 145, rue Amelot, 75011 Paris.