En fait, ce n'est pas un pays, c'est un réseau. C'est Internet,
une invention stratégique militaire passée dans le domaine
civil. Tous les sondages le montrent, tous les sexes, tous les âges
s'en servent. Les personnes âgées économisent ainsi
des déplacements et restent en phase avec leurs petits-enfants.
Les adultes actifs s'en servent comme outil de travail ou comme bibliothèque,
les ados se connectent à des sites « pour eux » et
c'est là que des pédophiles partent chasser leurs futures
victimes.
Dans ce pays formidable, c'est d'ailleurs là que le bât
blesse, le mot-clé le plus demandé est « sexe ».
Les sondages tiennent aussi à notre disposition des données
sur l'utilisation sexuée d'Internet. En France, le site le plus
consulté par les femmes (207 milliers de visites) est Auféminin,
un site « féminin » : adresses pratiques, bons plans,
questions de société. Puis viennent Télérama
(92), Degriftour (133), Libération (115). En France, le site
le plus consulté par les hommes (143 milliers de visites) est
Porncity, un site « masculin » ? vulves béantes,
verges démesurées, pas un préservatif à
l'horizon. Puis viennent Babylon-X (125) Sexspaces (101), Pasdeprobleme.com
(113).
C'est intéressant, cet espace de liberté qui s'ouvre
est aussitôt assailli par les exploiteurs et les exploités
de la misère sexuelle. Souvent, les exploités se révoltent
et cherchent à mettre fin à leur exploitation mais là,
non. Ils sont contents, c'est plus discret, moins cher, plus varié,
plus extrême aussi. C'est tout juste si leurs exploiteurs ne reçoivent
pas des emails de remerciements des consommateurs exploités de
la misère sexuelle, étrange trahison de « classe
».
Les sondages ne disent pas si les femmes, les hommes et les enfants
ainsi prostitué-e-s ont eu le choix ; ni ce que serait leur choix
avec une formation de leur choix, une protection face aux réseaux
de proxénétisme et une amnistie sur leur CV. Les sondages
ne disent pas non plus si cette marchandisation des corps, cette sollicitation
sexuelle qui attend les hommes à chaque tournant publicitaire
ne les entraînent pas dans la spirale de la violence. Une société
qui organise un statut d'objet pour les femmes organise ainsi la violence
à leur encontre.
Betty F.
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