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Origine http://www.bernard-defrance.net/bin/imprim.php?from=publication&where=2&PHPSESSID=f830d68e262148ecdd2bd23043d5f173
René Lourau, principalement connu comme théoricien
de l'Analyse institutionnelle, a laissé une œuvre originale
et résolument critique. Il est mort le 11 janvier 2000, laissant
derrière lui 19 ouvrages en français dans les domaines
de la pédagogie, de la sociologie, des sciences politiques
et de l'épistémologie. Ces livres constituent le cœur
d'une œuvre qui comporte également des ouvrages parus
à l'étranger et des dizaines d'articles.
Dans les milieux pédagogiques, son nom évoque les
premières expériences de pédagogie autogestionnaire.
Il en a été praticien comme professeur de lycée
puis comme universitaire. Que l'on se souvienne du scandale causé
par la mise en autogestion du département de sociologie de
Poitiers alors que René Lourau en était directeur
en 1972- 1974. Les interférences entre pédagogie et
politique apparaissaient alors dans toute leur force.
En sociologie il est souvent perçu comme un chercheur «
à part », voire marginal, de par sa persistance à
vouloir mettre en analyse l'institution scientifique elle-même
et d'en énoncer ses déterminations étatiques.
Ce travail d'analyse critique, il l'a entrepris « de l'intérieur
» en interrogeant systématiquement les implications
matérielles, économiques, politiques… des chercheurs.
Pour les psychosociologues et sociologues d'intervention d'aujourd'hui,
la référence aux travaux de René Lourau sur
la démarche d'intervention de l'analyse institutionnelle
(socianalyse) est plutôt une référence «
négative ». De récentes publications dans ce
domaine témoignent de cette tendance à faire de René
Lourau un « ancêtre », sentant le soufre, ayant
accompli l'essentiel de son œuvre dans les années 70.
Les auteurs de ces publications contemporaines caricaturent autant
les premières expériences socianalytiques qu'ils méconnaissent
systématiquement les travaux les plus récents de René
Lourau. Bien qu'il soit resté, tout au long de son cheminement
de chercheur, extrêmement critique sur l'institution scientifique,
René Lourau ne s'en est jamais retiré. Certains de
ses livres montrent très bien la manière dont opérait
cet attachement qui le poussait dernièrement à chercher
les conditions de possibilité d'un nouveau champ de cohérence
scientifique. Son intérêt revendiqué pour les
sciences dites exactes et pour la réflexion épistémologique
en témoigne également.
Affranchi des barrières disciplinaires,le travail de René
Lourau souffre aujourd’hui d’un manque certain de visibilité.
Il est victime des découpages institués et n’est
que très rarement perçu dans son ensemble. Sa redécouverte,
à travers ses écrits, s’impose donc.
Des pédagogues, des sociologues et des psychosociologues
présentent ici les 19 livres de René Lourau parus
en France de 1969 à 1997. Ces auteurs s’associent pour
montrer l’étendue et l’importance des travaux
de ce chercheur dont ils ont été plus ou moins proches,
parfois conflictuellement, à différentes époques
de sa vie.
Les textes réunis ici adoptent des approches et des styles
variés. Divers aspects de l’œuvre sont ainsi mis
en valeur et discutés tour à tour. L’analyse
critique est également présente dans cet ouvrage collectif
qui échappe ainsi au rituel de célébration
plus ou moins hagiographique. Les étudiants en sociologie,
psychosociologie, sciences politiques et sciences de l’éducation
ainsi que les professionnels de l’éducation, la formation
et l’intervention disposent ici d’une introduction d’ensemble
à une œuvre aussi riche que complexe.
Chercheurs et praticiens y trouveront matière à interroger
les fondements mêmes de leurs approches théoriques,
de leurs méthodologies et de leurs pratiques.
Le sommaire
Introduction
Ahmed Lamihi et Gilles Monceau
Contre-pédagogie
L'illusion pédagogique (1969) par Bernard Elman
Analyse institutionnelle et pédagogie (1971) par Bernard
Defrance
Sociologue à plein temps (1976) par Patrick Boumard
Les pédagogies institutionnelles (1994) (écrit en
collaboration avec Jacques Ardoino) par Ahmed Lamihi
Contre-sociologie
L'instituant contre l'institué (1969) par Patrick Bellegarde
L'analyse institutionnelle (1970) par Jacques Ardoino
Les analyseurs de l'Église. Analyse institutionnelle en milieu
chrétien (1972)
et Interventions socianalytiques. Les analyseurs de l'église
(1996) par
Christiane Gilon et Patrice Ville
L'analyseur LIP (1974) par Jean-François Marchat
L'état-inconscient (1978) par Debora Fajnwaks-Sada
Autodissolution des avant-gardes (1980) par Olivier Corpet
Le principe de subsidiarité contre l’Europe (1997)
par Pierre Lantz
Pour un nouveau champ de cohérence scientifique
Clefs pour la sociologie (1971) (écrit en collaboration avec
Georges Lapassade) par Antoine Savoye
Le gai savoir des sociologues (1977) par Jacques Jenny
Le lapsus des intellectuels (1981) par Jacqueline Feldman
Le journal de recherche. Matériaux pour une théorie
de l’implication
(1988) par Georges Lapassade
Actes manqués de la recherche (1994) par Gilles Monceau
Implication/transduction (1997) par Danielle Guillier
La clé des champs. Introduction à l’analyse
institutionnelle (1997) par Dominique Hocquard
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