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Nouvel Obs DROITS HUMAINS
Amnesty interpelle les Etats-Unis
L'ONG, qui publie son rapport annuel sur les violations des droits
humains dans 131 pays, critique sévèrement la "duplicité"
de Washington, accusé de contourner l'interdiction de torture,
notamment à Guantanamo.
Amnesty international a sévèrement critiqué
mercredi 25 mai un nouvel ordre mondial "plein de dangers",
dénonçant notamment l'attitude de Washington accusé
de "duplicité" en cherchant à contourner
l'interdiction de la torture.
"On est en train de mettre en place une nouvelle politique
qui utilise la rhétorique de la liberté et de la justice
pour faire régner la peur et l'insécurité",
a accusé Irene Khan, secrétaire générale
d'Amnesty, organisation de défense des droits humains basée
à Londres, en évoquant la guerre menée contre
le terrorisme.
"Et certains cherchent, avec un cynisme parfait, à imposer
une nouvelle définition, édulcorée, de la torture",
afin de pouvoir s'affranchir de l'interdiction totale visant actuellement
cette technique d'interrogatoire, a-t-elle souligné, visant
directement les Etats-Unis.
"Un énorme fossé sépare les discours de
la réalité", a accusé Amnesty, dans son
rapport de 308 pages qui détaille les violations des droits
de l'Homme dans 131 pays.
Drapés dans des idéaux
L'ONG a ainsi souligné comment les autorités américaines
se drapent dans les idéaux de "justice et de liberté"
alors que dans le même temps plusieurs de ses soldats ont
été accusés de torture et de mauvais traitements,
que ce soit dans la prison irakienne d'Abou Ghraib ou à Guantanamo
(Cuba). Le tout sans "enquête approfondie et indépendante".
"Quand le pays le plus puissant de la planète foule
aux pieds la primauté de la loi et les droits humains, il
autorise les autres à enfreindre les règles sans vergogne",
a accusé Irene Khan, qualifiant la base américaine
à Cuba de "goulag de notre époque".
Amnesty a de même souligné les "grands efforts"
déployés par Washington pour "redéfinir"
la notion de torture définie par les conventions de Genève.
Le Pentagone, a souligné l'ONG, a ainsi tenté de justifier
ses techniques d'interrogatoire musclées en les requalifiant
de "manipulation environnementale" ou de "manipulation
sensorielle".
Israël, Congo, Afghanistan, Irak, Russie
Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls à être visés
dans le rapport 2005 d'Amnesty pour "avoir montré un
mépris effarant de l'Etat de droit". Ce document rappelle
par exemple comment Israël a érigé un mur à
l'intérieur de la Cisjordanie, contre l'avis de la Cour internationale
de justice.
Véritable catalogue des horreurs, le rapport d'Amnesty accuse
également des soldats russes d'avoir violé et torturé
des femmes tchétchènes, "en toute impunité".
En République démocratique du Congo, "rien n'a
été fait pour tenter de mettre un terme aux viols
systématiques dont ont été victimes des dizaines
de milliers de femmes et d'enfants". L'Afghanistan, malgré
la tenue d'élections, s'est enfoncé dans l'anarchie
et l'instabilité. Quant à l'Irak, il est toujours
"en proie à une violence endémique".
Communauté internationale
Quant à la communauté internationale, elle a été
accusée une fois de plus pour sa lenteur ou son incapacité
à agir, notamment dans la province soudanaise du Darfour.
"Aujourd'hui, l'Onu ne semble ni vouloir ni pouvoir exiger
des comptes de ses Etats membres", a regretté Irene
Khan.
Au sein des Nations unies, "les droits humains font l'objet
de marchandages entre maquignons" et dans une économie
de plus en plus mondialisée, "ce sont de plus en plus
les grandes entreprises, les institutions financières et
les accords commerciaux internationaux qui fixent les règles",
a regretté Mme Khan.
Et la secrétaire générale d'Amnesty de souligner
que plus d'un milliard de personnes sont encore privées d'eau
potable et que 121 millions d'enfants ne vont pas à l'école.
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