Qu’est-ce que l’agression sexuelle?
Les médias font de plus en plus état des agressions sexuelles. Le phénomène
est-il plus répandu qu’auparavant? Il semble que non. Les victimes d’agression
sexuelle semblent cependant plus enclines à dévoiler les abus subis
dans l’enfance. Les agressions sexuelles sont antérieures, soit dans
l’enfance ou l’adolescence, ou récentes, soit dans l’adolescence ou
à l’âge adulte. Lorsque des agressions sexuelles sont commises sur un
enfant de moins de quatorze ans, on parlera souvent d’abus sexuel. La
population et les cliniciens parlent davantage d’agression sexuelle,
soit un geste à caractère sexuel commis sans le consentement d’une personne
ou dans une situation où la personne ne peut donner son consentement,
par exemple lorsqu’elle est droguée ou âgée de moins de quatorze ans,
avec une différence d’âge d’au moins cinq ans avec son agresseur.
L’abus sexuel est malheureusement un phénomène répandu, avec entre 15%
et 25% des femmes adultes et entre 10% et 15% des hommes adultes ayant
été victimes d’abus sexuel dans l’enfance. Ces abus peuvent prendre
différentes formes, soit des baisers, des touchers, de l’exhibitionnisme,
du voyeurisme, des contacts oraux génitaux et des pénétrations. L’agresseur
sexuel peut prendre différents visages, le plus souvent masculin. Ainsi,
il peut être un membre de la famille de l’enfant, soit un parent, un
frère, une sœur, un oncle, une tante, un cousin, une cousine, un grand-père,
une grand-mère. Il peut aussi s’agir d’un adulte en qui l’enfant a confiance
soit un entraîneur, un voisin, un ami de la victime, un professeur.
Enfin, dans de plus rares occasions, l’agresseur sexuel est inconnu
de l’enfant.
Que vit l’enfant abusé sexuellement?
Les abus sexuels peuvent s’échelonner sur des années ou être survenus
à quelques occasions. L’enfant a de la difficulté à comprendre ce qui
se passe. Il sait que ce n’est pas bien mais en même temps, comme les
abus sont souvent commis par une personne de confiance, l’enfant hésite
à dénoncer. L’agresseur sexuel exige le secret à l’enfant et a parfois
recours à des menaces ou de la violence pour s’assurer du secret. Pour
le petit garçon victime d’abus sexuel, un double tabou s’ajoute à la
difficulté de dénoncer quelqu’un qu’il aime. L’agresseur sexuel étant
masculin la plupart du temps, un garçon peut avoir peur de dévoiler,
vu le tabou de l’homosexualité, d’autant plus que l’agresseur sexuel
se dit la plupart du temps hétérosexuel. De plus, si l’enfant devenu
adulte est homosexuel, on pourra dire qu’il a séduit l’adulte hétérosexuel.
Une autre difficulté pour le garçon à dévoiler l’abus sexuel réside
dans la croyance populaire qu’un homme ne peut pas être abusé, qu’il
est fort et qu’il peut se défendre, même s’il a six ans! Enfin, peu
importe le sexe de l’enfant, il peut avoir peur de ne pas être cru,
surtout si l’agresseur sexuel fait partie de son entourage.
Quelles sont les conséquences à l’enfance?
Les conséquences de l’abus sexuel chez l’enfant peuvent varier, passant
par l’anxiété, la dépression, la colère, les jeux sexualisés, l’agressivité,
l’impuissance, la méfiance, le sentiment de trahison, la culpabilité.
Ainsi, l’enfant peut se sentir trahi par quelqu’un en qui il avait confiance
et aura de la difficulté à faire confiance ultérieurement. Si le dévoilement
provoque une crise familiale, une rupture d’avec certains membres de
la famille, le divorce des parents, l’emprisonnement de l’agresseur
sexuel, l’enfant peut se sentir coupable d’avoir provoqué tout cela,
même s’il n’y est pour rien.
Quelles sont les conséquences à l’âge adulte?
Les enfants abusés sexuellement devenus adultes et les victimes d’agression
sexuelles récentes peuvent expérimenter des conséquences variant en
nombre et en intensité d’une victime à l’autre. En plus de la culpabilité,
la colère, la dépression et la méfiance, la victime peut vivre des flashbacks,
des souvenirs envahissants des abus. Ces images peuvent être accentuées
dans certains contextes, comme lors de certaines dates ou dans certains
lieux.
L’agression sexuelle peut aussi affecter la sexualité
et la relation de couple à l’âge adulte. Certaines victimes ne vivent
pas de difficultés sexuelles, d’autres en vivent une ou plusieurs. La
conséquence sexuelle la plus fréquente serait le manque de désir sexuel.
Certaines victimes n’ont pas une bonne image de la sexualité. D’autres
peuvent revoir des épisodes d’abus lors des relations sexuelles, elles
préfèrent donc éviter la sexualité. Même si elles ont des relations
sexuelles, des victimes peuvent ne pas avoir de plaisir ou même expérimenter
de la douleur.
Les problèmes sexuels peuvent interférer dans la relation de couple.
Le partenaire peut parfois se sentir inadéquat, impuissant et coupable
des souffrances de la victime. Il peut se demander comment l’abus a
pu se produire, être triste, en colère, ou avoir des sentiments de vengeance.
Il peut aussi en venir à négliger ses propres besoins et désirs pour
ne pas blesser davantage la victime.
Quelqu’un peut-il m’aider?
Lorsqu’on a été victime d’agression sexuelle, il est important d’aller
chercher de l’aide auprès d’un professionnel spécialisé qui saura comprendre
et aider. Il est important de bien choisir son thérapeute, de se sentir
à l’aise et accepté, homme ou femme. Informez-vous si le thérapeute
a déjà travaillé avec des victimes d’agression sexuelle. Plusieurs formes
de thérapie sont offertes. Les thérapies individuelles permettent de
se confier à une personne et de cheminer de façon plus personnelle.
Les thérapies de groupe peuvent être suggérées pour briser l’isolement
et partager son vécu avec d’autres personnes ayant des histoires similaires.
Enfin, les thérapies de couple sont tout indiquées si vous croyez que
l’agression sexuelle passée affecte votre couple et votre sexualité
ensemble.
Geneviève Parent, M.A.
Sexologue clinicienne et psychothérapeute
Le lien d'origine : http://www.unites.uqam.ca/dsexo/Articles/lagression_sexuelle_article_01.htm
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