- L'I.N.S.E.E. : bastion institutionnel masculin, univers intellectuel
constitué de démographes et de statisticiens donc difficultés
de reconnaissance et de légitimité de l’objet d’étude.
- Objectifs de l’enquête :
* Changer l’image et la perception des victimes de violences qui
seraient uniquement des femmes issues des milieux sociaux les plus défavorisés.
Il faut impérativement insister sur le fait que le phénomène
touche tous les milieux sociaux : idée de phénomène
trans-social.
Ceci implique donc un changement au niveau des campagnes d’affichages.
* Lutter contre les idées reçues : par exemple, le fait
que l’alcool serait la cause centrale de la violence des hommes…donc
une société sans alcool serait une société
sans violence de leur part ???
* Travailler sur les différents blocages que provoquent ce sujet,
à savoir, d’une part, les questions et thèmes que
les enquêtées ont du mal à entendre et d’autre
part, la façon dont les informations sont recueillies.
- Les problèmes que pose la question des violences :
* Que celle-ci ne devienne qu’un problème complètement
médicalisé, au quel cas, plus aucune réflexion
ne sera faite sur la construction et l’origine de la violence
masculine.
* Le rôle de la police : quelle reconnaissance de la violence
? Quel accueil de la parole des femmes victimes ?
Visibilité et invisibilité des violences conjugales
Problèmes que pose la question des violences infligées
dans le cadre conjugale/privé :
- Idée que la femme violentée « aime » ça.
- Idée de la co-responsabilité de la violence perpétuée,
ainsi l’interaction qu’implique ce phénomène
rendrait la femme responsable, de manière quasi-identique, de
la violence qu’elle subit.
- Seulement 6% des femmes violentées portent plainte.
Au niveau de la juridiction, la loi dit que« le couple parental
doit survivre au couple conjugal », dans l’objectif de protéger
les enfants. Cependant :
- Cette loi ne parle pas du risque encouru par l’enfant dans une
ambiance familiale violente.
- La loi dit que ce sont aux victimes de fuir le contexte violent de
la sphère conjugale, or, les femmes qui quittent le domicile
conjugal perdent le droit de garde des enfants.
Au-delà de la question des enfants, pour les femmes, cette situation
est catastrophique :
- Tous les 15 jours, trois meurtres de femmes sont dus aux violences
conjugales.
Concernant la présentation des résultats de l’enquête
ENVEFF, les chiffres disent que « 10% des femmes ont été/sont
victimes de violences conjugales », or, il faudrait plutôt
dire« 10% des hommes sont violents à l’égard
de leur compagnes ».Cela déplacerait le problème
sur la responsabilité des hommes et non pas celle des femmes.
Concernant les lois de sécurité quotidienne, seule une
ligne aborde le problème des violences conjugales :
« Afin de protéger les femmes victimes de violences conjugales,
des foyers spécialisés seront ouverts, en fonction ».
Quel dispositif sera mis en place ? Quels moyens ? Rien n’est
précisé.
Par ailleurs, les peines encourues parles hommes violents dans le cadre
conjugale ne dépassant pas un certain seuil, celles-ci seront
amnistiées (par l’effet des remises de peine entres autres)…alors
que les actes de cruautés et de violences envers les animaux,
elles, ne seront pas amnistiées !!
Quelles politiques publiques contre les violences faite aux femmes
dans les espaces publiques ?
Les « Contrats Locaux de Sécurité » crées
en Octobre 1997, avaient, entres autres, pour objectif de « lutter
contre toutes les formes de violence ». Or, les résultats
d’enquête des C.L.S et leur mise en place se révèlent
insatisfaisants. En effet, qui fixe les priorités ? Quels sont
les interlocuteurs légitimes ?
Il apparaît que :
- Les associations de femmes ne sont jamais sollicitées.
- Alors que le sentiment d’insécurité des femmes
est trois fois plus élevé que celui des hommes, ce fait
n’est jamais pris en compte. Ceci correspondrait donc à
l’insinuation de l’aspect fantasmatique du sentiment d’insécurité
des femmes ?
- Dans le dispositif des C.L.S, la question de la violence sur la voix
publique contre les femmes disparaît complètement.
- Une distinction du privée et du publique est systématiquement
opérée.
- La question du sexisme ordinaire est complètement exclue de
ce dispositif.
Quel accès à la citoyenneté (vie de la cité)
pour les femmes ?
Face à leur sentiment d’insécurité et au
danger réel vécu et appréhendé, les femmes
se censurent et renoncent à leur liberté individuelle
de façon non négligeable.
Ainsi, on constate que les femmes, de manière globale :
- Adoptent des stratégies d’évitements lorsqu’elles
circulent seules dans la rue (marchent vite et discrètement,
baissent la tête…).
- Évitent volontairement les lieux ou les moments de la journée
considérés comme plus dangereux et ainsi obéissent
à une sorte de « couvre-feu virtuel ». Renoncent
donc aux sorties qui les intéresseraient si elles doivent sortir
ou rentrer seules.
- Font des détours pour rentrer chez elles afin d’éviter
certains quartiers, parcs ou avenues sombres.
- Évitent de porter des habits qui seraient qualifiés
ou paraîtraient « aguichants ».
Loin d’être une liste exhaustive des différents processus
d’exclusion et d’auto-exclusion des femmes dans les lieux
publics, ces éléments sont une piste de réflexion
quant au questionnement de départ. Dans quelle mesure les femmes
sont des agents libres et autonomes ?
Les conséquences repérées par la question de l’insécurité
ressentie et effective pour les femmes :
- Risque de naturalisation des rapports sociaux de sexe.
- Pas de prise en compte de la notion du continuum de la violence masculine
et de la domination masculine.
Adeline, Octobre 2002.