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Source du texte : Infokiosque sur L'autre Net
http://www.infokiosque.lautre.net/article.php3?id_article=19
puis
http://www.infokiosque.lautre.net/imprimersans.php3?id_article=19
APPEL POUR L'ACTION DIRECTE
Première publication : 30 mars 2001
Mise en ligne : 8 juin 2003
par Anonyme
Depuis le blocage de la rencontre de l'OMC, à Seattle l'an
dernier [fin novembre 1999], les autorités locales et fédérales
ont changé de façon significative leur tactique à
l'endroit des manifestations organisées par la dissidence
politique. Quelques années plus tôt, la police se contentait
encore de surveiller les manifestations à distance, s'assurant
que les participantEs respectent la loi. Maintenant, chaque grande
manifestation est accompagnée d'une force militaire, hautement
organisée, et qui a pour objectif de supprimer toutes les
activités qui n'ont pas été préalablement
approuvées et orchestrées par la police. Les droits
et libertés civiles sont suspendus, des couvre-feux arbitraires
sont imposés, les rassemblements de foule non-autorisés
sont dispersés, et des zones étanches de toutes manifestations
sont temporairement créées, protégées
par des grillages et du béton armé. Dans les dernières
années, les services policiers ont dépensé
des millions de dollars en équipements et armes chimiques,
et ont fait suivre un entraînement sur le contrôle des
foules à leurs troupes. D'ailleurs, de nombreux documents
officiels de la police attestent de la double nécessité
de prendre des mesures préventives pour garder les gens hors
des rues, et dans le cas contraire, de répondre rapidement
et avec force lorsque les choses tournent mal.
Ceci n'a rien de surprenant. C'est la réponse logique et
toute simple au fait, pour la première fois depuis des décennies,
qu'une menace sérieuse s'oppose au fonctionnement du capitalisme
et de l'État. Nous assistons à l'émergence
d'une nouvelle forme d'action. L'objectif n'est plus qu'une simple
mise en scène pour les médias, mais vise surtout à
perturber l'infrastructure capitaliste en bloquant les principales
artères, en forçant les entreprises à fermer,
en détruisant la propriété des corporations
et de la police et en empêchant la tenue d'importantes rencontres.
De nombreux-ses militantEs radicaux-ales en sont venuEs à
la conclusion que la participation aux manifestations approuvées
par l'État ne constituait pas en soi une forme de résistance.
Un permis ne sera jamais émis pour une révolution.
Dans le but de s'opposer fermement au capitalisme, au patriarcat
et à l'État, nous devons avoir recours aux actions
militantes combatives, comprendre, orchestrer des actions directes.
Nous avons franchi un pas important et nous ne pouvons aucunement
laisser la répression policière nous faire reculer.
La lutte dans laquelle nous nous sommes engagéEs n'est pas
un jeu. Nous combattons pour nos vies, pour nos communautés,
et ce, en solidarité avec des personnes qui font de même,
partout. Nous devons comprendre que la police et l'armée
n'existent que pour protéger et défendre le système
actuel de relations socio-économiques, et que toutes les
tentatives pour l'abolir feront face à une violence sans
retenue. Les seules options qu'il nous restent sont soit la reddition
et la soumission ou la préparation nécessaire pour
faire face à cet assaut avec détermination et protéger
nos camarades, amiEs et communautés par tous les moyens nécessaires.
Ceci ne devrait pas être interprété comme étant
un appel démesuré à la violence. Cela veut
simplement dire que l'on doit être capable de répondre
fermement et de résister à la violence physique et
économique de l'État.
Développer l'intelligence tactique
L'un des points faibles de notre mouvement est notre inaptitude
à penser "tactiquement" et à agir rapidement
et efficacement aux manœuvres de la police. Nous avons tendance
à employer comme stratégie la marche d'un point à
un autre ou de tenir de multiples positions grâce à
des barricades, assumant que la police sera, soit prise par surprise
ou bien qu'elle nous laissera faire ce que l'on veut. Malheureusement,
les autorités ont pu étudier ces stratégies
et ont pu parfaire leurs tactiques à un point tel qu'ils
nous font une faveur lorsqu'ils nous laissent se rassembler. Sous
la direction et la supervision d'un poste de commandement central,
supporté par des hélicoptères et des unités
de reconnaissance, les unités policières nous encerclent
rapidement, nous privant ainsi de toutes les voies de sortie. Ensuite,
elles pénètrent nos rangs pour nous diviser et nous
disperser. Ce scénario s'est produit à de nombreuses
reprises dans les derniers mois, notamment à Eugene, Minneapolis,
Philadelphie, Montréal, Los Angeles, Cincinnati, etc. Visiblement,
nous n'avons pas appris de notre leçon.
La police est une force de frappe hautement militarisée
et sophistiquée, et dans le contexte de manifestations de
masse, nous sommes ses ennemiEs. Nous sommes engagéEs dans
une espèce de guerre, dont l'objectif principal est le contrôle
de la rue. Tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas compris
la nature de cette situation, nous continuerons de perdre. Si nous
voulons réussir à perturber suffisamment les entreprises,
à un point où elles doivent cesser leurs activités,
nous devons être préparéEs à nous confronter
à la police sur une base tactique.
Connaissance du terrain
Nous devons connaître mieux l'environnement géographique
que les policiers. Avant l'action, il est nécessaire d'étudier
le terrain avec des cartes géographiques et de faire des
tournées de reconnaissance - du repérage en jargon
militant. Regardez pour d'éventuels endroits où la
police pourrait se positionner pour nous piéger ; barrières
physiques (rivières, clôtures, murs, etc.) ; rues principales
; voies sans issue ; couloirs ; espaces ouverts ; caméras
de surveillance ; etc. Planifiez plusieurs routes de mouvement vers
le lieu de confrontation et pensez aux voies de sortie. Être
dans une ville où vous n'avez jamais mis les pieds à
la veille d'une action directe, et ce, sans préparation,
n'est pas à conseiller.
Décentralisation et groupes d'affinités
Chaque individu devrait faire partie de groupes d'affinités
restreints. Ces derniers devraient ensuite s'organiser dans un regroupement
plus large pour rendre l'encerclement et les arrestations difficiles,
mais suffisamment petit pour permettre aux groupes de prendre des
décisions et fonctionner rapidement. Il est important de
ne pas adopter le genre de mentalité où tout émane
de directives centralisées ou de l'avant de la marche. Plutôt,
chaque regroupement devrait être préparé à
se déployer et à agir de façon autonome, à
la fois pour aider ceux et celles qui font face aux assauts de la
police et/ou pour s'attaquer à des cibles spécifiques.
Ce modèle d'action permet de préserver l'indépendance
d'une multitude d'unités qui se supportent à la fois
sur le terrain, contre la police.
C'est aussi une façon de garder notre stratégie secrète.
À l'inverse des non-violentEs dogmatiques qui révèlent
à l'avance toute leur tactique sous prétexte de transparence,
nous devons sauvegarder les informations hors du milieu policier
le plus longtemps possible. Ceci nous permet d'être davantage
efficace, de prendre par surprise nos adversaires.
Communication
Chaque regroupement doit établir son système de communication,
qui peut se former de messagers, radios CB, cellulaires, scanner,
cyclistes, etc. L'objectif est de coordonner nos efforts et de demeurer
informéEs de la localisation et des mouvements des flics.
Mobilité
La principale stratégie de la police est de limiter le plus
possible nos mouvements. Que l'on se trouve dans une grande foule
ou dans un petit groupe, il importe de toujours bouger, afin d'éviter
d'être encercléEs, puis arrêtéEs. À
moins d'être blesséEs ou souffrant d'une quelconque
incapacité, les traînardEs devraient accélérer
le pas au lieu de penser que tout le groupe va ralentir pour les
attendre. En résumé, nous devons penser et agir rapidement.
Spontanéité
Nous devons être capable de répondre de manière
créative et immédiate aux situations variées.
Les forces policières prennent de l'ampleur au fur et à
mesure que l'on attend pour agir. Il faut être prêtE
à tout instant, à charger, se retirer, se disperser,
changer de direction, se regrouper ou pour toute autre action qui
n'est pas envisagée d'avance.
Tactiques pour éviter l'arrestation
Ne laissez pas la police se déplacer librement dans une
foule. Demeurez toujours en rang serré. Vous devriez être
entouréE de personnes que vous connaissez, et non par des
flics déguisés. Comblez les trous. Protégez
les voies de sortie. Si votre dernier point de fuite est susceptible
d'être bloqué par les flics, rendez vous là
avant eux ! Lorsque la police vous dit de demeurer sur le trottoir,
ignorez-la. Lorsqu'elle commence à pousser, unissez-vous
et poussez à votre tour. Si vous vous trouvez encercléEs,
chargez la police au point où leur ligne est la plus faible.
Si un groupe initie une charge, suivez-les. Une fois que la ligne
est brisée, gardez la brèche ouverte en poussant les
éléments résiduels. Si un autre groupe se retrouve
encerclé, aidez-le à passer la ligne de la police
en attaquant par derrière, lorsque c'est possible. Se faire
frapper dessus à coups de bâton fait mal. Des morceaux
de contre-plaqués, des couvercles de barils métalliques,
de barils sciés en deux, etc. font d'excellents boucliers.
Lorsque les policiers attrapent quelqu'unE, empêchez l'arrestation
en fonçant sur les flics et en tirant la victime vers nos
camarades. Si les flics sont déterminés, soyez-le
aussi et foutez le camp en courant aussi vite que vous pouvez. Si
vous êtes poursuiviEs, vous pouvez ériger rapidement
des barricades pour ralentir les flics. Des conteneurs à
déchets en feu font peur aux chevaux, réduisent la
visibilité et forcent la police à briser leur formation.
L'arrière d'une voiture est beaucoup plus léger que
l'avant. Une demi-douzaine de personnes peuvent facilement déplacer
la Mercedes d'un PDG ou d'un avocat. Les boîtes à journaux,
poubelles, barrières de construction ou celles utilisées
par la police peuvent toujours être utiles. Les véhicules
de la police ne peuvent plus se déplacer une fois que leurs
pneus ont été crevés ou bien lorsqu'ils ont
été mis à feu. Les autobus peuvent également
bouger lorsque vous ouvrez le compartiment à moteur (à
l'arrière) et coupez les fils.
N'utilisez aucune de ces tactiques à moins qu'il semble
qu'elles soient efficaces et que les autres vont vous aider. Si
vous êtes prisES, vous pourriez vous retrouver en prison pour
un bon moment, ce que l'on ne souhaite nullement. Vous devez reconnaître
une situation lorsqu'elle a du potentiel et lorsqu'elle n'en a pas.
Si vous n'êtes pas en mesure d'affronter la police et de gagner,
retournez à la maison. Vous aurez une autre chance. Si la
police charge quand même, courez aussi vite que vous pouvez.
Si vous voulez être efficace dans la rue, unissez-vous et
entraînez-vous ! Si vous voulez être appuyéE,
organisez des séances d'entraînement.
Assumez que la police a déjà lu ce petit manuel et
développe des contre-tactiques. Arrivez avec de meilleures
idées, mais réalisez qu'elles ne peuvent s'avérer
efficaces qu'une seule fois. Ceci n'est pas un jeu. Surveillez vos
arrières et rappelez vous que l'arme numéro un de
la police est la peur. Un fois celle-ci détruite dans votre
esprit, la police devient tellement facile à affronter.
Battez-vous, mais restez libres !
Anonyme
P.S. Ce texte a été posté sur A-infos par
leblackbloc@excite.fr le 30 mars 2001.
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