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Date : 28 Novembre 2002
Sujet : Act-up - dossier de presse
Act Up-Paris
POLITIQUE SÉCURITAIRE : CATASTROPHE SANITAIRE
1er décembre 2002, journée mondiale de lutte contre le
sida Dossier de presse
Contacts : Victoire Patouillard, Nathalie Mangeot Jérôme
Martin
Le gouvernement a pris pour cible les prostituéEs, les étrangerEs,
les usagEres de drogue et les précaires et s¹apprête
à leur rendre impossible tout accès à la prévention,
à la santé et aux droits sociaux. Ce recensement des catégories
" dangereuses " nous est bien connu : ce sont les minorités
que nous sommes et que nous défendons en luttant contre le sida.
A chacune correspondra bientôt dans le code pénal un arsenal
répressif ad hoc. En attendant, le gouvernement n¹a qu¹une
idée en tête : nous réduire au silence
Pour cela, tous les moyens sont bons : harcèlement policier,
diminution, voire suppression des subventions allouées aux associations
de terrain, intimidation exercée à l¹encontre des
militantEs et des activistes, etc
Des prostituéEs se voient confisquer leurs préservatifs
et leurs traitements, quand elles ne sont pas gazées au lacrymogène
avant d¹être arrêtées et molestées. Des
malades du sida ou de cancers continuent de mourir en prison, et les
co-détenuEs qui osent témoigner leur solidarité
se retrouvent enferméEs au mitard. Des malades en fin de vie
sont condamnéEs pour avoir cultivé et fumé du cannabis
à des fins thérapeutiques. Des toxicomanes se retrouvent
sans accès aux soins, à la substitution ou à des
droits sociaux, parce qu¹ils ont été arrêtés,
ou parce que les structures qui les soutenaient ont fermé, faute
de financements. Des étrangEres malades sont maintenuEs sans
droit au travail, au logement ou à des minima sociaux
Des malades sans-papiers sont expulséEs dans des pays où
ils ne pourront plus se soigner
La santé est incompatible avec la répression. Chirac,
Raffarin, Sarkozy, Perben ou Mattéi le savent. Ils ont choisi.
En 6 mois, ils ont anéanti des années de lutte contre
le sida. Ils veulent nous réduire au silence, même si cela
doit signifier notre mort
Le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida,
manifestez avec Act Up-Paris pour la santé, contre la répression
Départ à 15 heures, M° Barbès
Avec le soutien des structures suivantes : Cabiria, Académie
Gaie et Lesbienne, Sud Education, Observatoire du Droit des Usagers
dans les institutions sociales, ARAP / Rubis, GISTI, Sol en Si, Action
Gay, Interassociative Lesbienne, Gaie, Bi et Trans, CLAAAAAAAASH, Etudions
Gayment, Sud PTT, Gais Retraités, Agir dans le Xème, Actions
Traitement, PASTT, Turbulences 77, Connexion
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En 2001, 40 millions de personnes sont infectées par le VIH,
dont 18,5 millions de femmes et 3 millions d¹enfants. 3 millions
de personnes sont mortes du sida cette même année
En France, 600 personnes sont mortes du sida en 2001. Au 31 décembre
2001, 26 000 personnes vivaient avec le sida. Depuis le début
de l¹épidémie, 40 000 personnes sont mortes en France.
On estime à 130 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH
Sourves : ONISIDA 2002, INVS 2002
MigrantEs
Parmi les nouveaux cas de sida déclarés en 2001, 31 concernaient
des patientEs de nationalité étrangère, alors que
les étrangEres ne représentent que 6 de la population
générale. La découverte de la séropositivité
est plus souvent tardive chez les migrantEs que chez les FrançaiEs
: en 2000, 42 des malades étrangEres (contre 22 chez les patientEs
françaises) ne connaissaient pas leur séropositivité
avant d¹avoir contracté une maladie grave
Source : INVS 2002
Ces chiffres témoignent d¹une inégalité inquiétante
en terme d¹accès à la prévention, au dépistage
et aux soins. La situation est encore plus dramatique pour les malades
sans-papiers. Inexpulsables, ils et elles ne sont pas pour autant régulariséEs,
n¹ont pas accès à un revenu, à un logement
ou à un emploi et bénéficient d¹une protection
sociale au rabais, l¹Aide Médicale d¹Etat
Face à cette situation inadmissible, il faudrait assurer la régularisation
de tous les sans-papiers, attribuer à tout sans-papier malade
un droit à un minimum social, à un logement ou à
un emploi, bref, lutter contre les inégalités qui exposent
les étrangEres à l¹épidémie
Le gouvernement a choisi de renforcer ces inégalités.
Pour preuve la " fermeté " de Nicolas Sarkozy vis-à-vis
des demandes des sans-papiers ou lors de la fermeture du centre de Sangatte
UsagerEs de drogues
En 2000, on estimait à 18 500 environ les usagEres de drogues
séropositiVes et à 6000 les usagEres vivant au stade sida.
Plus de 11 000 usagEres de drogues sont mortEs du sida depuis le début
de l¹épidémie. A la même époque, on
comptait 260 000 usagEres contaminées par le virus de l¹hépatite
C (VHC) et 75 000 par le VHB. Aujourd¹hui, 90 des usagEres de drogue
par injection sont contaminéEs par le VHC. 90 des usagEres séropositiVes
au VIH sont coinfectées au VHC
Sources : INVS 2001, 2000
La politique de " réduction des risques " a permis
la reconnaissance des pratiques d¹auto-support et l¹expertise
des premiEres concernéEs. Bien que tardive et trop timide, elle
a permis de limiter les nouvelles contamination, d¹améliorer
l¹accès aux soins, de renforcer l¹information auprès
des usagEres, avec pour conséquence de réduire la mortalité
liée à une overdose
Aujourd¹hui, le gouvernement entend revenir 15 ans en arrière.
Il diminue ou supprime les financements accordés aux structures
de réductions des risques et d¹accueil des usagers de drogues.
Il fait connaître, par la voix de Dominique Perben ou du nouveau
président de la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte
contre les Drogues et la Toxicomanie), une position purement répressive,
opposée à la dépénalisation de tout produit
Cette position conduit d¹office les usagEres en prison et exclut
tout débat sur les risques que le statut illégal des drogues
fait courir aux consommateurs
Le gouvernement a donc choisi de ruiner plus de 10 années de
lutte contre le sida et d¹exposer les usagEres de drogues à
d¹avantages de clandestinité, donc de prises de risques
ProstituéEs
La prostitution, qui jusqu¹à présent n¹était
pas interdite, est officiellement criminalisée par le projet
de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy,
notamment à travers la réintroduction du délit
de racolage passif. Les effets d¹annonce du gouvernement en la
matière ont sonné comme un blanc-seing accordé
à des pratiques policières d¹un autre âge.
Il n¹est plus rare que les prostituéEs se voient confisquer
leurs préservatifs par les forces de l¹ordre. CertainEs
seropositiVes se sont même vu confisquer leurs traitements
Nicolas Sarkozy prévoit par ailleurs l¹expulsion de toute
prostituéE étrangèrE condamnéE pour racolage,
que sa situation soit régulière ou non
Ce n¹est ni plus ni moins que l¹application de la préférence
nationale, chère à Le Pen, dans le domaine de la prostitution.
Dans le même registre, il entend conditionner la remise ou la
suspension de peines de prostituéEs à de la délation
Les prostituéEs sont donc obligéEs de travailler dans
une clandestinité accrue, en proie à la violence et sans
conditions sanitaires correctes
RepousséEs dans les endroits les moins visibles, ils et elles
n¹ont plus accès aux actions de prévention. La prise
en charge sanitaire et sociale est réduite à néant
Précaires
L¹épidémie fait son lit sur la précarité.
En 2000, seulement 43 des personnes atteintes déclaraient toucher
un revenu lié à l¹emploi. L¹AAH ou une pension
invalidité représente l¹unique source de revenu pour
un homme séropositif sur deux, et pour deux femmes sur cinq.
13 des personnes atteintes n¹ont pas accès à un logement
stable
Source : Rapport Delfraissy 2002
Le gouvernement refuse d¹augmenter les minima sociaux. Il préfère
criminaliser les plus précaires, en introduisant un nouveau délit,
la " mendicité agressive ". Dans le même temps,
il suspend les financements accordés à toutes les associations
et les structures qui travaillent dans le domaine social
DétenuEs
La prévalence du VIH est de 1,56 à l¹entrée
du milieu carcéral contre 0,5 en milieu libre. Celles du VHB
et du VHC sont de 2,3 et de 4,4 à l¹entrée en prison
contre 0,2 et 1 à l¹extérieur. En prison, 90 des
personnes infectées par le VIH sont coinfectées en VHC.
Ces chiffres ne tiennent compte que des dépistages proposés
à l¹entrée en prison et sont donc en deçà
de la réalité carcérale
Source : Ministère de la Justice
Le ministère de la Justice s¹avère incapable de donner
des chiffres réels de l¹épidémie dans les
prisons : prévalence, mortalité, accès aux traitements
d¹urgence, etc. Il n¹hésite même pas à
afficher son incompétence dans ce domaine. Les quelques chiffres
qui percent sont pourtant effarants : 20 détenus sont morts depuis
le début de l¹année à l¹hôpital
pénitentiaire de Fresnes, et six sont mourants. Au-delà
du sida, unE détenue se suicide tous les trois jours en France
Au 1er juin 2002, on comptait 54 950 détenuEs pour 45 000 places
effectives.
Le nombre de détenuEs atteignait 56 835 au 1er juillet. La surpopulation
carcérale explose, ce qui n¹est guère étonnant,
étant donné que le gouvernement n¹a que l¹incarcération
comme seule solution à proposer aux précaires, aux prostituéEs,
aux étrangEres et aux
UusagEres de drogues
Il y a deux ans, deux rapports parlementaires ("Prisons : une humiliation
pour la République") approuvés à l¹unanimité
par les députéEs et sénatRices, de droite comme
de gauche, s¹alarmaient des conditions de vie carcérale,
déclaraient incompatible le fait d¹avoir une pathologie
grave et de vivre en détention, et recommandaient de vider les
prisons des personnes malades, mais aussi des sans-papiers et des usagEres
de drogues
Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy et Dominique Perben font exploser
la surpopulation carcérale. Ils construisent de nouvelles prisons
pour mieux les remplir de tous ceux qui les gênent, sans aucun
égard pour leur vie et leur santé
La répression contre la santé La santé est incompatible
avec la répression. La droite le sait, et agit en connaissance
de cause. Elle prend ces mesures répressives avec la pleine conscience
de leurs conséquences sur nos vies et sur la santé publique.
Mais la santé n¹est pas l¹affaire de ce gouvernement
Le silence du Ministre de la Santé est à cet égard
éloquent. Depuis 6 mois, on n¹a jamais entendu Jean-François
Mattéi sur les questions de la précarité, des drogues,
de la prostitution, des prisons ou de l¹immigration, comme si la
santé n¹avait rien à voir avec ces sujets. Sur tous
ces sujets, Act up-Paris l¹a sollicité, n¹obtenant
qu¹un silence qui révèle son incompétence.
Les débats sur la santé, les droits, les politiques, tout
ce dont nos vies dépend, tout cela a été réquisitionné
par les Chirac, Perben et Sarkozy, avec pour seule visée d'entretenir
l'hystérie sécuritaire
Le Pen a gagné les élections
La majorité actuelle, la droite " républicaine "
de l¹UMP, a été élue pour faire barrage au
Front National. Depuis 8 mois, elle ne cesse de faire le jeu du FN,
pour mieux séduire ses électeurs : - Nicolas Sarkozy a
qualifié de " droits-de-l¹hommiste " ceux qui
s¹opposaient à sa politique. Il s¹agit là d¹un
terme fréquemment utilisé par Le Pen et que l¹on
peut par ailleurs retrouver dans les écrits d¹Unité
Radicale, le groupuscule d¹extrême droite dissous l¹été
dernier
- Dominique Perben, ministre de la Justice, vient de se prononcer pour
un dépistage obligatoire des personnes suspectées de viol
: depuis 10 ans, aucun responsable politique, mis à part Le Pen,
n¹avait osé criminalisé la séropositivité
et proposé ce genre de mesures
- Pierre Lellouche, député UMP, affirme dans Le Parisien
du 16 septembre, à propos de l¹ouverture d¹un centre
d¹accueil pour SDF : " Rien ne nous garantit que ce ne soient
pas des drogués, des immigrés, ou des malades du sida
". Pierre Lellouche n¹a pas été exclu de l¹UMP,
ce parti " républicain ", pour avoir tenu de tels propos
Le 1er mai dernier, 1 million de personnes manifestaient leur opposition
à Le Pen. Le 1er décembre, journée mondiale de
lutte contre le sida, le gouvernement français se fendra sans
doute d¹une communication officielle pleine de compassion. Mais
cette communication ne trompera personne : entre la santé et
la répression, Chirac, Raffarin, Sarkozy, Perben et Mattéi
ont choisi. Ils veulent nous réduire au silence, même si
cela doit signifier notre mort.
Le Pen a gagné les élections