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Nouveaux décrets sur l’Aide médicale d’état
: un autoritarisme assassin
publié le 29 juillet 2005
http://www.actupparis.org/article2039.html
Le gouvernement Villepin a publié aujourd’hui au Journal
Officiel deux décrets [1] restreignant l’accès
à l’Aide médicale d’état. Alors qu’elles
sont déjà exclues d’une couverture maladie faussement
universelle, les personnes vivant en France sans titre de séjour
sont à nouveau la cible d’une politique d’exclusion
des soins aussi absurde que violente. Politique que la CNAM avait
déjà sanctionnée par un avis défavorable.
Le gouvernement de Dominique de Villepin vient de publier ce matin
au Journal officiel deux décrets visant très directement
à refouler à la porte des centres de santé,
bon nombre de sans-papierEs :
- Le premier demande, entre autres dispositions délétères,
d’évaluer « les avantages en nature procurés
(...) par un logement occupé à titre gratuit »
ou encore de faire payer les personnes « tenues à l’obligation
alimentaire à l’égard du demandeur » de
l’AME.
- Le second énumère principalement une liste de justificatifs
exigés aux demandeurSEs de l’aide médicale d’Etat,
comprenant par exemple des traductions onéreuses effectuées
par un « traducteur assermenté auprès des tribunaux
français ».
Pour justifier ces restrictions, le gouvernement met en avant de
prétendues « dérives » et « fraudes
», sans jamais produire le moindre élément chiffré.
La publication de ces deux décrets est uniquement motivée
par une idéologie déconnectée de la réalité
que subissent les sans-papierEs. Ce que nous enseignent les chiffres,
ce sont les insuffisances de l’Aide médicale d’état,
le nombre de bénéficiaires (158 000 au premier trimestre
2005) étant bien inférieur à l’estimation
du nombre de personnes vivant en France sans titre de séjour
(entre 200 000 et 400 000 selon le ministère de l’Intérieur).
Ce que les données épidémiologiques mettent
également en évidence, ce sont les conséquences
de l’exclusion de soins, tels que le retard au dépistage
du vih ou la réapparition de foyers de tuberculose.
De plus, ces décrets reproduisent quasiment à l’identique
ceux pour lesquels la CNAM avait rendu à l’unanimité
un avis défavorable en février 2004. Elle avait alors
considéré que les « conditions d’accès
particulièrement complexes » imposées par le
gouvernement compromettaient « l’accès aux soins
» des personnes concernées et contrevenaient «
aux exigences élémentaires de santé publique
et de sécurité sanitaire, sans garantir au demeurant
aucune efficacité économique ».
En attendant la période estivale pour publier de tels décrets,
sans concertation avec les personnes concernées et les associations,
et contre l’avis de la CNAM, ce gouvernement fait preuve d’un
autoritarisme assassin que nous ne pouvons accepter.
Notes
[1] Ces deux décrets sont consultables en ligne : http://www.legifrance.gouv.fr/WAspa...
et http://www.legifrance.gouv.fr/WAspa....
Sans-papiers : non à l’exclusion des soins
appel interassociatif publié le 6 août 2005
http://www.actupparis.org/article2043.html
Deux décrets publié par le gouvernement viennent de
durcir l’accès aux soins des étrangers sans titre
de séjour. Ces textes viennent renforcer la politique gouvernementale
qui vise particulièrement les étrangers sans titre de
séjour (arrestations, rétentions, expulsions par charters).
L’Aide Médicale de l’Etat (AME) est destinée
aux personnes vivant en France, qui sont exclues de la couverture
maladie dite universelle et dont les ressources sont inférieures
à un plafond de 576 euros par mois. L’accès
aux soins des étrangers sans titre de séjour dépend
de l’AME.
Depuis décembre 2002, le gouvernement n’a cessé
de remettre en cause le dispositif d’AME par voie législative
: le droit à l’admission immédiate à
l’AME même dans les cas où « la situation
l’exige » a été supprimé, et il
est devenu obligatoire de justifier de 3 mois de présence
ininterrompue sur le territoire pour obtenir l’AME.
L’application de ces mesures représentait déjà
un frein majeur pour l’accès aux soins avec des conséquences
sanitaires lourdes : aggravation des pathologies par retard de prise
en charge aboutissant à des hospitalisations en urgence sans
possibilité de poursuite de soins, car l’hospitalisation
n’ouvre plus droit à l’AME, absence de toute
politique de prévention au niveau de cette population déjà
fragilisée par ses conditions de vie, qu’il s’agisse
d’adultes ou d’enfants.
En 2004, des projets de circulaires et de décrets préparaient
un nouveau durcissement des modalités d’accès.
Sous la pression de nombreuses associations et syndicats, ces projets
ont pu être mis en échec. La Caisse Nationale d’Assurance
Maladie (CNAM) avait elle-même émis un avis défavorable
en février 2004, estimant que les projets du gouvernement
compromettaient « l’accès aux soins » des
personnes concernées et contrevenaient « aux exigences
élémentaires de santé publique et de sécurité
sanitaire ».
Profitant de l’été, le gouvernement vient de
publier deux décrets reprenant presque mot pour mot les dispositions
rejetées l’année dernière par la CNAM
et les associations. (Journal Officiel du 29 juillet 2005), supprimant
ainsi le principe déclaratif, un principe de base de l’aide
sociale depuis plus d’un demi-siècle, principe qui
permettait à des personnes en situation de besoin de justifier
par déclaration écrite de leur identité ou
de leurs ressources et ainsi d’accéder à des
droits fondamentaux même s’ils n’ont pas ou n’ont
plus avec eux de papiers.
Avec ces décrets au contraire, le demandeur doit justifier,
à l’aide de papiers parfois très difficiles
à obtenir ou très onéreux, de sa présence
ininterrompue depuis 3 mois sur le territoire français, de
toutes ses ressources, auxquelles il est prévu d’ajouter
les avantages en nature que représenterait un logement occupé
à titre gratuit, ce qui revient à surévaluer
les ressources du demandeur. Il est également prévu
de faire assumer les prestations, normalement prises en charge par
l’AME, par les personnes tenues à l’obligation
alimentaire à l’égard du demandeur.
Ces deux décrets viennent renforcer la politique gouvernementale
qui, actuellement, vise particulièrement les étrangers
sans titre de séjour (arrestations, rétentions, expulsions
par charters). Le gouvernement fait de ces étrangers, déjà
victimes de nombreuses exclusions, des boucs émissaires,
en les accusant de fraudes, sans aucune preuve, et en les dissuadant
de faire valoir leur droit aux soins.
Seule une prise en charge à 100% des soins par l’Assurance
maladie solidaire et obligatoire pourrait garantir un égal
accès aux soins pour tous. Il nous faut nous mobiliser car
:
- le gouvernement a encore sous le coude un décret qui permettrait
la mise en application de la loi votée en 2002 mettant fin
à la gratuité des soins pour les bénéficiaires
de l’AME.
- la réforme de l’Assurance maladie votée il
y a un an par le parlement organise une baisse de la couverture
par l’Assurance maladie solidaire et obligatoire, ouvre de
ce fait la porte aux assurances privées et aggrave les inégalités
d’accès aux soins.
Mobilisons-nous pour l’accès aux soins pour toutes
et tous
Premières organisations signataires Act Up-Paris, AIDES
Fédération, AIDES Paris Ile-de-France, AFVS (Association
des Familles Victimes du Saturnisme), AMUHF (Associations des Médecins
Urgentistes Hospitaliers de France),, ATMF (Association des Travailleurs
Maghrebins de France), Association PRIMO LEVI, Association "souriez-vous-êtes-filmé-es
!", CATRED : Collectif des Accidentés du Travail, Retraités,
Handicapés, pour l’Egalité des Droits, CIMADE
Collectif "La Santé n’est pas une marchandise",
CoMéGAS (Collectif des Médecins Généralistes
pour l’Accès aux Soins, Coordination Ile de France
anti-vidéosurveillance, FASTI (Fédération des
Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés),
Fédération Syndicale SUD Santé Sociaux, FSU
(Fédération Syndicale Unitaire), GISTI (Groupe d’Information
et de Soutien des Immigrés ), LDH (Ligue des Droits de l’Homme),
Manifeste "la contre-réforme du système de santé
: un tissu de mensonges", Médecins du Monde, MRAP (Mouvement
contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples),
Sida-info service, SMG ( Syndicat de la Médecine Générale),
SNJMG (Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes),
RESF (Réseau Education Sans Frontières), Union Syndicale
Solidaires.
AME démantelée, malades méprisés
publié le 20 novembre 2004
http://www.actupparis.org/article1814.html
Jeudi 18 novembre, huit militantEs d’Act Up-Paris se sont invitéEs
à l’administration de l’hôpital André
Grégoire de Montreuil-sous-bois suite au harcèlement
moral, et à l’exclusion des soins qu’une malade
y a subie.
Rappel des faits (extrait de notre dossier pour le 1er décembre
: « Combien coûte nos vies ? »)
Joëlle est venue en France pour rendre visite à son
fils. Elle a dû être hospitalisée d’urgence
et a découvert lors de ses examens un cancer du col de l’utérus
ainsi qu’une séropositivité au vih. N’étant
pas en France depuis plus de trois mois, elle n’a pas pu bénéficier
de l’Aide Médicale d’Etat. Puisqu’elle
ne pouvait être prise en charge, le médecin du service
de néphrologie a alors entrepris un véritable harcèlement
moral à son encontre pour qu’elle quitte l’hôpital.
Un jour il la rendait responsable du déficit de la sécurité
sociale, un autre il lui demandait de rentrer chez son fils pour
le week-end, et un autre encore elle a vu sa chambre donnée
à un autre patient pendant qu’elle était au
bloc opératoire et a ainsi dû passer la nuit sur un
brancard. Pire, ce médecin a fait empêcher un traitement
par laser de son cancer du col. Aujourd’hui Joëlle. a
dû changer d’hôpital pour avoir accés aux
soins qui lui sont nécessaires et qui ne peuvent être
pris en charge par l’Aide Médicale d’Etat du
simple fait qu’elle n’est pas en France depuis plus
de trois mois.
Mépris de la parole des malades
Face à cette situation inacceptable, huit militantEs d’Act
Up-Paris ont fait irruption dans l’administration de cet hôpital.
Celle-ci mise au courant de notre venue par le ministère
de la santé (selon les propos du directeur de l’hôpital),
avait fait appel aux forces de police pour nous empêcher d’entrer.
Nous avons cependant réussi à atteindre le bâtiment
de l’administration, et a obtenir un rendez-vous avec M. Massa,
directeur de l’hôpital, le docteur Belenfant, et les
autres médecins ayant suivi cette personne atteinte de poly-pathologie.
Face à notre colère leur réaction a été
une défense corporatiste au mépris de la parole de
la malade et de son fils, témoin du harcèlement moral
qu’elle a subi. Ils nous ont expliqué que l’hôpital
ne faisait pas de discrimination (fort heureusement) et que s’il
y a eu un problème il s’agissait d’un cas particulier
et d’un malentendu, que le fait de dormir sur un brancard
dans un couloir après avoir vu sa chambre donnée à
un autre malade était courant dans cet hôpital, que
rendre responsable cette malade du déficit de la sécurité
sociale n’était rien autre que l’informer des
« problèmes sociaux ». Malgré nos questions
répétées, le Docteur Belenfant n’a, à
aucun moment, infirmé les propos que nous lui attribuions.
Cependant le directeur de l’hôpital a préféré
mettre en cause la parole d’une malade, plutôt que la
respectabilité d’un médecin. C’est sur
un tel mépris de la parole des malades que nous n’avons
décidé de quitter ce rendez-vous.
Le principe de base l’AME était de permettre à
une personne de se soigner quand sa santé le nécessite
et qu’elle n’a pas d’autre possibilité
de prise en charge. En instaurant un délai de carence de
trois mois en 2002, le gouvernement remet en cause ce principe dans
son essence et endosse la pleine responsabilité de telles
situations. En démantelant l’Aide Médicale d’Etat,
l’UMP applique au système de soins une politique de
préférence nationale. Les médecins qui se rendent
complices d’une telle logique vont à l’encontre
des fondamentaux éthiques de leur profession.
Cette action s’inscrit dans le cadre de notre campagne pour
défendre le droit des personnes malades et handicapées
et dans la perspective de la manifestion du 1er décembre.
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