Association européenne contre les Violences faites aux Femmes
au Travail
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Envoyé à l'AFP - 6 mars 2004
Catherine Moyon de Baecque, première sportive de haut niveau
à avoir dénoncé les violences sexuelles dans
le sport est licenciée
par M. Lamour, ministre des sports.
Le chef de cabinet du ministre des sports a en effet informé
C. Moyon de Baecque du non-renouvellement de son contrat après
mai 2004.
Pour mémoire, en 1991, C. Moyon de Baecque, lanceuse de
marteau, a été violée et agressée par
plusieurs membres de l'équipe de France, encouragés
par l'entraîneur national, lors d'un stage d'athlétisme.
Les agresseurs ont été condamnés par la justice
en 1993 et 1994. En guise de réparation des préjudices
subis par C. Moyon de Baecque, - notamment en raison de la complicité
de l'encadrement de la Fédération française
d'athlétisme - et afin qu'elle ne subisse pas, en outre,
une exclusion du milieu sportif du fait des violences exercées
à son encontre, les ministres des sports successifs se sont
engagés à lui garantir un emploi.
Il s'avère que depuis son embauche par le ministère
des sports en 1996, tout a été mis en œuvre pour
contraindre C. Moyon de Baecque à quitter son emploi :
Ses compétences, sa connaissance du milieu sportif et ses
qualifications (Bac +5) n'ont jamais été reconnues.
Elle a été exclue de toutes les initiatives du ministère
concernant « les femmes et le sport », ses fonctions
n'ont jamais été définies, son indice (340,
catégorie D) est juste au dessus de celui des "conducteurs
d'automobile", son salaire est de 1171 euros net.
Sa précarité a été institutionnalisée.
Et elle a dû se battre pour obtenir le renouvellement de ses
contrats de travail au nombre de dix d'une durée variant
de 3 mois à 2 ans.
• Ses conditions de travail ont d'emblée visé
à sa mise à l'écart ; elle a toujours travaillé
dans un environnement hostile et a été – pendant
toutes ces années - l'objet de nombreuses agressions et humiliations.
Celles-ci se sont aggravées avec l’arrivée
de M. Lamour : saccage de son bureau régulièrement
fouillé, fils du téléphone et de connexion
à Internet arrachés. Ces violences ont été
portées à la connaissance du ministre par plusieurs
lettres. En vain.
Depuis le déménagement récent du Ministère
des Sports, elle ne dispose pour tout mobilier que d'un téléphone
posé à terre.
Ses noms et fonctions ont disparu de la majorité des documents
administratifs et officiels du ministère.
Son salaire du mois de janvier 2004 ne lui a pas été
payé, sans aucune explication, ni lettre d’information.
Enfin, après toutes ces années de lutte, elle est
informée que le ministère a décidé de
ne pas renouveler son contrat de travail en mai 2004.
La situation de C. Moyon de Baecque illustre de façon scandaleuse
le sort réservé aux personnes qui dénoncent
les violences sexuelles dans le sport.
Pour que C. Moyon de Baecque soit rétablie dans ses droits,
Pour que l'Etat respecte sa parole,
Parce qu'il est responsable de n'avoir pas prévenu les violences
sexuelles, puis de ne les avoir pas sanctionnées ,
Parce qu'en dépit des condamnations pénales, il a
continué à soutenir les agresseurs qui ont, eux, poursuivi
leur carrière sportive et ont même représenté
la France aux Jeux Olympiques (cf. communiqué de presse AVFT
à l'AFP le 15 septembre 2000), Pour que cessent les représailles
contre les victimes qui dénoncent les violences sexuelles
qu'elles ont subies,
L'AVFT demande :
• La régularisation immédiate de la situation
professionnelle de C. Moyon de Baecque,
• La signature d'un contrat à durée indéterminée,
à temps plein, correspondant à ses qualifications,
à compter de mai 2004,
• La reconnaissance officielle par l'Etat de ses responsabilités
à l'égard de C. Moyon de Baecque.
• La mise en place d'une politique effective de lutte contre
les violences sexuelles, sexistes et homophobes dans le sport.
Contact : Catherine Le Magueresse,
AVFT,
Tel : 01 45 84 24 24 ; 06 81 37 84 17
- Fax : 01 45 83 43 93 -
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