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Conclusions du Workshop Women and Peace,
9-10 mai 1999, Amsterdam
Les réfléxions d'Andrée Michel sur ces journées


Conclusions du Workshop Women and Peace, 9-10 mai 1999, Amsterdam
Les réfléxions d'Andrée Michel sur ces journées

Quand les femmes inventent des méthodes non violentes pour négocier les conflits.

A. Les femmes entendent par :
- guerre : pas seulement les conflits armés mais la violence quotidienne contre les êtres humains, en particulier contre les femmes (violence patriarcale/ violence sexuelle, mafia, et autres pouvoirs économiques)
- Paix : pas seulement la cessation des tirs mais la justice et l'égalité. La coexistence inclut le respect de l'autre et un équilibre entre les deux partis.
La question de la non violence reste ouverte (comment peut-on être non violent quand on doit faire face à une menace de mort ?) mais on est d'accord sur le fait que : « une paix réelle ne peut pas exister sans des moyens pacifiques »

B. Les femmes construisent la paix :
- Méthodes à développer ou à étendre : une organisation non hiérarchique ; une forme démocratique du partage de l'information et du pouvoir ; la solidarité ; la flexibilité ; la définition de buts clairs, réalistes et réalisables pour éviter que l'énergie se relâche ; échange des expériences réussies.
- Actions/Stratégies :

Avant conflit
1/ commencer le processus en créant des liens, de la communication, de la confiance parmi les femmes avant le conflit.
2/ créer et renforcer les réseaux parmi les femmes contre la guerre, partout dans le monde.
3/ pousser les femmes à faire de la politique

Pendant le conflit
1/ trouver une point commun, dépolitiser
2/ s'inspirer, pour la résolution des conflits, des méthodes traditionnelles positives
3/ utiliser l'espace vacant laissé par la guerre dans l'organisation sociale habituelle pour renforcer la
présence des femmes dans la sphère publique et leur participation à la prise de décision.
4/ éduquer les personnes à la non-violence, à la communication, à l'estime de soi

C. Conclusion
Nous nous rejoignons/ nous insistons sur :
- actions contre l'impunité
- éducation
- engagement personnel en faveur de la non-violence et de la participation politique des femmes
- renforcement des réseaux de solidarité et échange dees expériences par régions et continents
- action contre la militarisation
- renforcement des mécanismes de l'ONU.


Appel de la Hague

Lors des journées organisées autour de l'Appel de la Hague, un groupe de travail se tenait à Amsterdam. Y participait Andrée MICHEL, sociologue, spécialisée dans les recherches sur la militarisation des sociétés contemporaines et les résistances des femmes aux violences militaires.

Voici ses réflexions ainsi que les conclusions de ce workshop.

Réflexions sur le Workshop on Women and Peace.
Amsterdam, 9 et 10 mai 1999.

Les organisatrices avaient volontairement invité des participantes qui avaient toutes participé à des actions et à des stratégies de paix au cours ou immédiatement après le déclenchement de violences militaires ou civile.

Deux constats s'imposent :

- les solutions présentées par les participantes ne se réduisaient pas à de l'humanitaire comme on aurait pu l'attendre. Au contraire, utilisant ou non des actions humanitaires, les stratégies qui ont été utilisées par les participantes visaient à rétablir le lien humain (la confiance, la solidarité, etc.) détruit entre les communautés divisées par suite de la guerre par des haines ethniques, religieuses ou nationales.

Au lieu de cautionner les femmes dans un rôle « d'assistance » à celles qui souffrent, les participantes ont essayé et sont parvenues à transformer les femmes victimes du conflit en personnes autonomes, capables elles aussi de travailler à leur tour pour la paix.

- Il est tout à fait remarquable d'autre part qu'en donnant la parole à une femme qui a subi les pires violences de la part des hommes quand elle était prostituée et qui a trouvé à se réinsérer en réinsérant ses compagnes, les participantes ont ainsi témoigné qu'elles ne séparaient pas violences civiles des hommes contre les femmes par la prostitution et violences militaires à l'égard des femmes par suite de la guerre car c'est le même système patriarcal qui est à l'origine de la mise en ìuvre de ces violences pour opprimer les femmes.

L'ensemble des réflexions, des méthodes, des stratégies utilisées par les participantes dans leurs expériences de construction de la paix a été parfaitement résumé dans la conclusion intitulée «when women invent non-violent ways to deal with conflicts ».

La tournure elliptique de cette conclusion ne devrait pas empêcher de reconnaître la richesse et la diversité dans l'inventaire des stratégies mises en ìuvre par les participantes et leur mode d'approche holistique dans leur prise de conscience des problèmes de la paix et de la guerre et des stratégies qui s'imposent pour prévenir comme pour arrêter les violences. Certes l'approche de la prévention, tout en étant mentionnée, n'a pas été explorée aussi profondément que le rétablissement de la paix, une fois la violence déclenchée mais ce n'était pas là l'expérience des participantes qui étaient invitées à partir de leur expériences et non pas à élaborer une réflexion sur les structures propres à prévenir les conflits.

Est-ce à dire que cette dernière réflexion est un domaine qui reste étranger aux femmes pacifistes ?

Non pas, du moins si l'on en juge par les travaux menés ici et là à travers le monde par des chercheuses et femmes politiques (un seul exemple ici : le rôle déterminant de Solange Fernex, ancienne députée au Parlement européen, dans la mise sur pied de structures européennes, très liées à l'OSCE, pour la prévention des conflits au sein d'une zone géographique débordant largement l'Europe. mais, encore une fois, ce n'était pas l'objet du workshop « women and peace » des 9 et 10 mai 1999 dont l'objet ne pouvait qu'être limité.

Andrée MICHEL