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origine : http://ici-et-ailleurs.org/spip.php?article1
Il s’agirait moins de magnifier la diversité culturelle,
d’exalter l’interculturalité, voire de s’émerveiller
du métissage culturel en cours dans le contexte de la globalisation
que de se poser, sur un mode moins béat, cette simple question
: pourquoi est-il si difficile de s’entendre, pourquoi avons-nous
tellement de mal à nous entendre ? Passé le temps
de l’euphorie légère suscitée par l’homogénéisation
des normes culturelles elle-même impulsée par l’allongement
des circuits d’intégration économiques et politiques,
par le devenir-fluide de nos existences mondialisées, s’impose
une évidence : celle de la démultiplication simultanée
des occasions dans lesquelles vont prendre corps toutes sortes de
différends, locaux ou globaux, épidermiques ou fondamentaux,
à la charnière des domaines politique et culturel.
En chacune de ces occasions se manifestent les insuffisances du
"tout communicationnel" : il ne suffit pas de parler ensemble
pour s’entendre ; pèse de tout son poids aussi ce qui
excède les bonnes dispositions supposées des discutants
- les régimes de vérité, les modes discursifs
qui informent et façonnent a priori leur pensée et
leur parole.
C’est autour de ce motif dont l’actualité semble
se renforcer constamment dans notre présent que nous avons
choisi de créer cette association, un rassemblement résolument
international, cosmopolite, même.
En organisant la convergence de chercheurs, étudiants avancés
et enseignants, issus d’une quinzaine de pays différents,
européens et extra-européens, protagonistes de sphères
culturelles très diverses, formés dans des systèmes
d’enseignements très variables, investis dans des domaines
de spécialités multiples, nous avons pris le risque,
au fond, d’une expérimentation sur nous-mêmes
autour du motif que nous nous sommes assigné.
Comme en témoignent notre première Université
d’été à Chilhac, en France, ainsi que
les textes rassemblés dans ce premier "samizdat",
la diversité des sujets abordés et des modes d’exposition
disponibles est prometteuse de possibilité de discussions
infinies.
Dans le contexte d’une globalisation qui contribue à
politiser les enjeux culturels, reconstruire une tour de Babel,
fût-elle épisodique, fût-elle universitaire,
n’est pas une entreprise sans risque.
A nous de relever le défi avec panache !
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