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"hyperviolence et démocratie" par Alain Brossat
La Fabrique 1998, 278 p., 19.81 euros
Origine : http://www.bibliomonde.com/livre/corps-ennemi-hyperviolence-et-democratie-2482.html
« Un certain XIXe siècle intellectuel et philosophique
s'est obstiné dans l'exhortation : "Désanimalisez
la politique ! Extrayons-nous hors de ce cercle maudit où
l'adversaire est un ennemi, un féroce, un tigre, un loup
!". Parcourant Hugo, Renan, mais aussi Marx et les discours
tourmentés qui arpentent les champs de ruines de juin 1848
ou les transes de l'affaire Dreyfus, Alain Brossat relate cet intense
travail sur le discours politique où sont à l'œuvre
tous les reconditionnements : celui qui conduit du temps des révolutions
à l'épreuve de la guerre intérieure suspendue
(la démocratie instituée); celui qui mène du
registre traditionnel où l'autre politique est bête
sauvage au mode pré-totalitaire où il devient rat,
bacille, pou-agent de toutes les contagions et épidémies.
La deuxième partie expose comment l'humanisation de la politique
rend difficile de considérer l'adversaire, voire l'ennemi,
comme "brute", comme monstre animal déshumanisé.
Il en découle une difficulté permanente à faire
face à des figures ou à des phénomènes
confrontant les vivants à l'épreuve de la limite,
de l'excès absolu, de l'inhumain. Ce problème, nous
n'en finissons pas de le rencontrer à propos du criminel
contre l'humanité et de son pâle rejeton le négationniste
et aussi du terroriste, du génocideur en Bosnie, au Rwanda,
en Algérie... Comment le discours politique qui a exclu le
partage entre figures bestiales et figures humaines peut-il faire
face au retour de la barbarie humaine ? Comment se passer du nom
de monstre politique ? Questions posées par une actualité
toujours plus accablante. » (présentation de l’éditeur)
« Ce livre aborde une réalité omniprésente
mais peu étudiée : la "zoopolitique". Son
auteur nous offre l’hypothèse suivante : la réponse
des démocraties contemporaine à la violence verbale
est insatisfaisante; nos démocraties s’accommodent
comme un moindre mal, et en faisant la sourde oreille, des insanités
verbales de tous les démagogues pousse-au-crime. On voit
bien que cette logorrhée participe d’une volonté
antidémocratique, qu’elle constitue une entreprise
terroriste. Mais les armes dont nous disposons pour lui faire face
n’ont pas la force de l’insulte ni la capacité
agrégatrice de la haine. Aux démocrates pacificateurs
qui tentent de toujours réinscrire le débat politique
dans la sphère de l’intelligibilité –
ce qui oblige à réfléchir - les désenchantés
opposent cette recette millénaire : la zoopolitique. (…)
Les cas étudiés sont emblématiques, d’un
discours fameux de Renan aux regards de Papon, en passant par Victor
Hugo, les staliniens, et quelques autres célébrités.
Le discours politique en devient affligeant. » (extrait d’un
article de Gilles Laithier, Le Monde Diplomatique, février
1999)
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