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Origine : http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3182
NB : Naissance de la biopolitique
STP : Sécurité, territoire, population
1 : Discipline et sécurité
La montée du nouveau cadre normatif sécuritaire s’accompagne
selon Foucault d’un « recul massif » du système
disciplinaire. [1]
« L’ensemble constitué par une économie
de type capitaliste et des institutions politiques indexées
sur la loi avait comme corrélatif une technologie du comportement
humain, une « gouvernementalité » individualisante
comportant : le quadrillage disciplinaire, la réglementation
indéfinie, la subordination / classification, la norme (...)
» (p.265 NB)
La gouvernamentalité disciplinaire était à
la fois légaliste et normative et sa réglementation
fonctionnait comme échangeur entre ces deux aspects. Elle
visait la production des corps « dociles et utiles »
. C’est cet ensemble, dit Foucault, qui « paraît
maintenant comme non indispensable. » (p.265 NB)
Le pouvoir, selon la dernière définition de Foucault,
est « un mode d’action qui n’agit pas directement
et immédiatement sur les autres, mais qui agit sur leur action
propre ». Les techniques de la société sécuritaire
n’agissent pas directement sur l’individu et sur son
corps, comme les disciplines, mais sur l’action de l’individu,
et non seulement sur son action actuelle, mais aussi et surtout
sur son action possible (virtuelle). La technique disciplinaire
entoure les corps, les pénètre, les travaille, s’applique
à leur surface ». La technique sécuritaire agit
indirectement sur l’individu et sur son corps, par le biais
de son intervention sur l’ « environnement »,
puisque l’individu et son corps ne sont pas l’origine
absolue de l’action. L’action n’est pas réductible
à l’individu et à sa subjectivité, elle
trouve sa source aussi dans le « milieu ».
Le milieu est, par exemple, l’ensemble des dispositifs et
des institutions que nous avons vu à l’oeuvre dans
la production du chômeur, mais aussi les relations de pouvoir
pas encore institutionnalisées, les réseaux, les relais,
les relations entre forces pas encore codifiées . L’action
n’est pas seulement l’action fixée et prévue
par les normes, les codes, les règlements, mais aussi et
surtout l’action virtuelle, « possible », «
probable », qui double les institutions et les codes et qui
constitue son « dehors ».
La sécurité intervient sur un espace qui n’est
pas clos sur lui-même et qui a peu de contact avec l’extérieur
comme celui des disciplines, mais sur un espace ouvert, un espace
modulable, modifiable. Un espace qui n’est pas rigidement
quadrillé comme celui des disciplines, puisque ce qu’il
faut contrôler est précisément ce qui est en
train de se faire, ce qui devient, ce qui va s’actualiser,
ce qui arrive (l’événement). Le milieu est donc
compris comme espace d’événements possibles,
des actions probables. Il est compris comme ensemble des relations
(à la fois internes et externes à leurs termes) et
non comme « structure », « système »
.
« La sécurité va essayer d’aménager
un milieu en fonction d’événements ou des séries
d’événements ou d’éléments
possibles, série qu’il va falloir régulariser
dans un cadre multivalent et transformable. L’espace propre
à la sécurité renvoie à une série
d’événements possibles, il renvoie au temporel
et à l’aléatoire, un temporel et un aléatoire
qu’il fa falloir inscrire dans un espace donné. L’espace
dans lequel se déroulent des sériés d’éléments
aléatoires » (STP)
Les dispositifs sécuritaires n’interviennent pas directement
sur « le jouer, mais plutôt sur les règles du
jeu, ajoute Foucault, c’est-à-dire que le pouvoir de
ces dispositifs, au lieu d’agir par coercition directe, s’exerce
par « action à distance » en utilisant le milieu
ou l’environnement comme « support » et «
élément de sa circulation ». Les dispositifs
sécuritaires définiront, à la différence
de l’enfermement rigide des dispositifs disciplinaires, un
« cadre assez lâche » (puisque précisément
il s’agit de l’action sur des actions possibles, sur
des événements, sur ce qui va arriver) en intervenant
sur les règles du jeu pour que le jouer puisse jouer et où
« il y aura une intervention qui ne serait pas de type de
l’assujettissement interne des individus, mais une intervention
de type environnementale. » (p.265 NB)
Les disciplines transforment l’espace en instrument pour
dresser, programmer, garder sous surveillance n’importe quel
groupe social par la régulation perpétuelle et permanente,
des temps, des activités, des gestes. Les techniques de sécurité
ont une fonction différente car ce qu’on va essayer
d’atteindre à travers le milieu, est le « lieu
» où une « série d’événements
que les individus, populations et groupes produisent, interfère
avec des événements de type quasi naturel qui se produisent
autour d’eux ».
On peut penser à différentes situations ou événements
: la diffusion d’une maladie (Sida), une catastrophe naturelle
(l’ouragan Katherine), une guerre (en Irak), le chômage
(d’une force de travail mobile comme celle des intermittents).
C’est comme si les relations de pouvoir que Foucault définit
comme instables, mobiles, réversibles passaient en premier
plan et que la domination qui les fixait en institution, codes,
règlements est elle même menacée, de façon
permanente, d’instabilité, de réversibilité,
de mobilité.
Le milieu, l’environnement, le cadre, la société
se trouvent affectés d’un « équilibre
métastable » d’une insécurité permanente
qui déteint sur les modalités de gouvernement qui
devient à proprement parler gouvernement de la (in)sécurité.
Depuis la mise en place du gouvernement néo-libéral
des conduites, nous connaissons une crise « économique
» permanente qui implique un recours à l’État
d’urgence continu. Pour comprendre pourquoi l’insécurité
est la condition ontologique de notre actualité transformée
par le pouvoir en instrument de domination, on peut se rapporter
encore une fois aux réflexions de Foucault sur le rôle
joué par la norme dans les sociétés disciplinaires
et dans les sociétés de sécurité.
2. Normation et normalisation
Dans le cours Sécurité, territoire, population donné
au Collège de France , nous retrouvons, la même distinction
entre disciplines et sécurité à propos de la
fonction de la norme. Dans les deux cas, la norme produit une normalisation,
mais avec des procédures et des finalités différentes.
Pour les distinguer, Foucault appelle la normalisation disciplinaire
normation, parce que ce qui est prioritaire dans ces procédures
de normalisation n’est pas définition du normal et
de l’anormal, mais celle de la norme. Il y a un caractère
« primitivement prescriptif » de la norme et c’est
par rapport à cette norme que la détermination du
normal et l’anormal devient possible. Le dressage de l’individu,
sa production se faisait à partir de la norme et la distinction
du normal et de l’anormal en découlait. Dans la société
disciplinaire, la gestion du pouvoir est hégémonique,
dans le sens où elle se fonde sur le dualisme d’une
injonction à une conduite hautement uniformisante d’après
une norme unique et générale et l’exclusion
du non - normalisable (« le résidu, l’irréductible,
l’incassable, l’inassimilable » ). Tandis que
dans la société sécuritaire, comme nous savons,
la gestion du pouvoir n’est pas hégémonique,
mais différentielle, ce qui implique une toute autre fonction
de la norme.
La normalisation sécuritaire, par contre, n’est pas
comme dans la « normation », le résultat d’une
imposition de la norme, mais d’un « jeu » entre
normalités. Le caractère « primitivement prescriptif
» de la norme hétérosexuelle et les anormalités
qui en découlaient est un bon exemple des modalités
de fonctionnement de la société disciplinaire, tandis
que les sociétés de sécurité s’acheminent
vers une gestion différentielle qui se fonde sur la prise
en compte des différentes « normalités »
sexuelles.
Dans la société de sécurité, les dispositifs
de pouvoir ne fonctionnent pas à partir de la norme, mais
du repérage des différentes normalités (dans
notre cas, différentes situations dans le marché du
travail) et l’opération de normalisation consiste à
faire jouer les différentes distributions de normalités,
de façon à ce que les « plus défavorables
soient ramenées au plus favorables ». Cette opération
est organisée sans les recours à une norme externe
au processus, mais en s’appuyant sur les différences
(les normalités) elles- mêmes, en les jouant les unes
contre les autres.
Comme nous avons vu le « chômage » , l’emploi
à plein temps, la « pauvreté » etc. sont
des normalités que le gouvernement des conduites joue les
unes contre les autres. Le jeu de normalités n’est
pas assuré par les automatismes de marché, mais par
une intervention continue notamment de l’État.
Dans la société de sécurité, c’est
le normal qui est premier et la norme qui s’en déduit,
c’est-à-dire que la norme n’est pas extérieure
à son champ d’application non seulement parce qu’elle
le produit, mais aussi parce qu’elle s’y produit elle-même
en le produisant.
Elle n’agit pas non plus sur un contenu qui existerait en
dehors de façon indépendante de son action. Ce qui
« norme la norme » est son action et le processus de
son devenir, de son effectuation. La norme ne rencontre pas un milieu
et des individus, préalables à son intervention et
elle n’est pas non plus préordonnée à
son intervention. L’action est tout, l’acteur est ajouté
ultérieurement, dirait Nietzsche un des grand inspirateur
de Foucault.
À la différence des disciplines, où le «
dedans » et le « dehors » étaient préalablement
donnés, dans les sociétés de sécurité,
le dedans et le dehors sont réversibles, mobiles, instables.
Les dispositifs de sécurité travaillent continuellement
à la limite, à la frontière de l’intérieur
et de l’extérieur, du dedans et du dehors. Les dispositifs
de pouvoir agissent à la limite, à la frontière
du dedans et du dehors, pour anticiper, pour faire fonctionner tout
ce qui échappe, tout ce qui résiste, tout ce qui fuit
comme un élément du dedans. L’action des techniques
sécuritaires doit anticiper sur des événements
parce qu’elle doit agir sur un dehors qu’elle ne connaît
pas et qui est inconnaissable même à une intelligence
infinie, comme dirait Gabriel Tarde, puisque précisément
la limite entre le dedans et le dehors n’est pas définie
par une norme préalable, mais il faut la faire advenir.
Ni l’individu, ni le milieu (la société), ni
les normes ne sont donnés à l’avance. Ni les
règles du jeu, ni le jouer ne préexistent à
l’action (à l’exercice des relations de pouvoir).
Mais les conditions d’existence des sociétés
de sécurité produisent une nouveauté remarquable
par rapport aux sociétés de sécurité
: le milieu, l’environnement ou la société ne
sont pas totalisables. Le pouvoir ne peut pas exercer une vue surplombant
les relations qu’il doit contrôler , mais il doit, au
contraire, agir de façon immanente aux rapports de forces.
Milieu, règles et jouer émergent au même temps
et c’est pour cette raison qu’il faut intervenir en
permanence pour assurer leur production et leur reproduction. La
situation est radicalement différente des politiques keynésiennes
où les conditions de l’exercice du pouvoir sont préalablement
fixées par un « contrat » (un pacte social national
ou international ) qui définit les sujets contractants (le
travail, le capital et l’Etat) , les instruments et les contenus
des politiques économiques. Le travail et ses « fonctions
- sujet », ses dispositifs de pouvoir et ces formes d’assujettissement
fondés sur le salariat, deviennent les grands intégrateurs
institutionnels des relations de pouvoir.
Cette formidable description des formes de relations de pouvoir
que Foucault fait à la fin des années 70 a besoin
d’une ultérieure élaboration, puisque la première
guerre du golfe marque le passage des politiques néo-libérales
aux politiques néo-conservatrices. Dans ce passage, la production
immanente de la norme assume la forme de la guerre pour la sécurité
interne et externe. Dans la description presque autopoïetique
des dispositifs sécuritaires faite par Foucault, il faut
insérer la guerre interne et externe, la sécurité
à l’intérieur et à l’extérieur,
comme ses instruments fondamentaux.
La guerre externe des néo-conservateurs contre le terrorisme
est l’expérimentation sur grande échelle de
ces techniques sécuritaires de contrôle d’un
ennemi sans visage, sans territoire, sans armée, sans état
majeur, précisément parce qu’il s’agit
d’un ennemi qui n’existe que virtuellement et d’une
action sécuritaire qui doit anticiper ce qui va arriver,
sur l’événement.
Dans les sociétés de sécurité, la menace
du dehors n’est pas déjà-là, elle n’a
pas une existence préalable au conflit comme par exemple,
le communisme pendant la guerre froide. Brian Massumi en travaillant
sur les déclarations de l’administration Bush montre
comme le Secrétaire d’État américain
parle d’une menace non définie, non codifiée,
imprécise, non spécifiée ; d’un futur
qui s’échappe, qui se démultiplie s’il
n’est pas anticipé, d’une prise de décision
qui ne peut se fonder que sur une rationalité événementielle
puisque d’une part, les variables actuelles sont trop nombreuses
à prendre en compte et d’autre part, impossibles à
connaître, parce que virtuelles, avant l’action. C’est
la nature même des relations de pouvoir, des conduites et
de l’action qui demande un état d’exception permanent.
L’intervention productive et reproductive continue, pour
et par le marché, implique la production et la reproduction
continue de la guerre, de l’état d’exception,
de la crise permanente, pour la sécurité interne et
externe.
3. Le gouvernement par l’individualisation
Le changement du cadre normatif, signifie le changement du mode
institutionnel de production de l’individu. Aux deux techniques
de gouvernement correspondent deux modalités d’individualisation
: l’individualisation disciplinaire et l’individualisation
sécuritaire. L’individualisation est un processus de
production de l’individu par des techniques qui permettent
d’ « épingler la fonction - sujet », sur
le corps. Cette dernière vient ainsi « se superposer
et s’ajuster exactement à la singularité somatique
».
Si l’individualisation disciplinaire comporte le quadrillage
cellulaire, la réglementation indéfinie, la subordination
/ classification, l’individualisation sécuritaire n’est
pas comme la première « uniformisante, identificatoire,
hiérarchisante, mais ouverte aux aléas et aux phénomènes
transversaux » (p. 266 NB).
À l’équilibre métastable, à la
menace toujours présente de mobilité, de réversibilité,
d’instabilité de la domination et de ses institutions
doit correspondre une subjectivité modulable, maniable, gouvernable,
capable de s’adapter à l’état de crise
permanente et à d’État d’urgence continu
et à l’impossible totalisation des relations de pouvoir.
Il ne faut d’abord comprendre la subjectivité «
moins uniformisante, moins identificatoire, moins hiérarchisante
», comme une augmentation de « liberté »,
mais comme le corrélatif d’un gouvernement des conduites
qui implique d’autres techniques de pouvoir, d’autres
contraintes et donc d’autres possibilités de fuite,
de refus. C’est un autre terrain de lutte qui a son tour implique,
pour ceux qui résistent, d’autres formes d’organisation
et une autre conception de la politique et de la militance.
Pour les libéraux, construire le marché signifie
d’une part, comme nous venons de le voir, inciter, solliciter,
favoriser la concurrence et donc l’inégalité
différentielle mais d’autre part, signifie aussi inciter,
solliciter, généraliser la logique d’entreprise
et son modèle de subjectivation : l’entrepreneur.
L’injonction de ce nouveau cadre normatif, la règle
impérative qu’il énonce pour tout le monde est
celle de devenir « entrepreneur de soi-même »,
puisque c’est seulement à cette condition que l’individu
devient « hautement gouvernable ». L’individu
libéral que les politiques sociales et assurancielles doivent
contribuer à construire est hautement gouvernable puisqu’il
se gouverne d’abord lui-même, dans la mesure où
il se conçoit comme un entrepreneur, et qu’il gère
sa vie comme on gère une entreprise.
Le travailleur est un entrepreneur et un entrepreneur de lui-même,
« étant à lui-même son propre capital,
étant pour lui-même son propre producteur, étant
pour lui-même la source de ses revenus » (p. 232 NB)
Le résultat de ces techniques est paradoxal : elles agissent
sur le milieu, l’environnement, sur les règles du jeu,
plutôt que sur le jouer, mais elle doivent produire un individu
qui se pense et se vit comme origine absolue de son action. L’individu
n’est pas le commencement de l’action, mais il doit
se percevoir comme le seul responsable aussi bien de sa réussite
que de son échec.
Le capital humain (ou l’homo oeconomicus) n’est pas,
comme dans le libéralisme classique, l’individu qu’on
laisse faire, celui qui détient naturellement un quantum
de liberté qu’il faut défendre et protéger
contre l’intervention totalisante de l’Etat mais celui
qui est « maniable », modulable et donc hautement gouvernable.
Le capital humain est celui qui va répondre systématiquement
aux modifications que le gouvernement des conduites introduira artificiellement
dans un milieu en variation continue. Le capital humain est un individu
que l’on place dans un environnement où les réponses
aux modifications peuvent être détectables et où
les dispositifs de pouvoir peuvent, par la suite, sélectionner
les conduites pertinentes en manipulant des programmes d’intervention.
Le capital humain est le corrélatif d’une gouvernementalité
qui va agir sur le milieu et en modifier systématiquement
les variable à travers des techniques de communication, de
marketing, à travers le sondage, les politiques de l’emploi,
du chômage, de formation, qui sollicitent une réponse,
des actions, des comportements.
Névrose et dépression
Pour compléter le cadre des transformations en cour dans
le gouvernement par l’individualisation, il est peut-être
intéressant de mentionner les pathologies hétérogènes
qui affectent les différents dispositifs d’assujettissement
: la névrose pour les disciplines et la dépression
pour la sécurité. Selon Alain Ehrenberg, les pathologies
psychiques contemporaines ont un rapport direct avec la sollicitation
à l’action individuelle. Elles sont des défenses
que les individus opposent à l’injonction à
devenir entrepreneur de soi-même. La dépression, pathologie
de masse de sociétés de sécurité, nous
donne l’image renversée de tous les mots d’ordre
du nouveau dispositif de pouvoir : initiative, motivation, projet,
décision, choix et communication.
« La dépression est une pathologie du temps (le déprimé
est sans avenir, sans projet) et une pathologie de la motivation
(le déprimé est sans énergie, son mouvement
est ralenti et sa parole est lente). Le déprimé formule
difficilement des projets, il lui manque l’énergie
et la motivation minimale pour le faire. Inhibé, impulsif
et compulsif, il communique mal avec lui-même et les autres.
Défaut de projets, défaut de motivations, défaut
de communication, le déprimé est l’exact envers
des normes de socialisation. »
Le déprimé ne choisit pas et ne décide pas.
Il s’enfonce dans une fatigue qui envahie et colore toute
sa subjectivité. La dépression constitue un sourd
refus à laisser la « fonction sujet » du capital
humain et de l’entrepreneur de soi-même se superposer
et s’ajuster exactement à sa singularité somatique
et psychique. Le corps exprime, par l’inhibition de l’apparat
psychomoteur, le refus d’accepter ces nouveaux assujettissements.
[1] Recul massif ne signifie pas qu’il y ait remplacement
d’un dispositif par l’autre, mais une nouvelle articulation
de l’un par rapport à l’autre. Il n’y a
pas de succession linaire des modalités d’exercice
du pouvoir : la sécurité qui remplace les disciplines
qui à leur tour se substitue au cadre légale - juridique.
Le cadre normatif de la sécurité est une manière
spécifique de faire fonctionner les vieilles techniques de
la loi et des disciplines. Ce qui va changer c’est la «
dominante ou plus exactement le système de corrélation
» entre les mécanismes juridico- légaux, les
mécanismes disciplinaires de production et de contrôle
de la subjectivité du salarié subordonné et
les mécanismes sécuritaires de production et contrôle
de la subjectivité du travailleur et de l’ individu
social en tant que « capital humain ».
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